Les combattants fédayine sont intarissables!
Sengül et les siens vont continuer dans leur chemin!

On ne peut nous compter avec des doigts
On ne peut disparaître par extermination

Notre camarade n’est pas parvenue à sa cible. Un obstacle technique l’en a empêchée. Néanmoins, ceux qui se savent être la “cible” ont senti les secousses de l’explosion. Un nuage de peur a recouvert leur coeur pour un bon moment...
Est-ce que leur crainte est réellement passée ? Ce ne sont pas nous qui donnerons la réponse mais ceux qui rendent ses actions inévitables et obligatoires.
Le 20 mai au matin, notre combattante fédayine Sengül Akkurt est tombée en martyr dans le quartier de Kizilay à Ankara, des suites de la déflagration fortuite de sa charge explosive survenue durant ses préparatifs pour mener une action fédayine.
La combattante fédayine Sengül Akkurt a agi ainsi afin de punir l’Amérique et ses collaborateurs pour leur politique d’extermination, d’isolement carcéral et pour venger nos 106 martyrs.

L’Empire américain et ses collaborateurs veulent faire de la Turquie un pays où l’on exécute les ordres de l’Amérique sur-le-champ, où tout ce qui nous appartient est mis à la disposition des monopoles américains. L’Empire américain veut faire de la Turquie son énième Etat. Avec les massacres et les prisons de type F, l’Amérique, l’Europe et leurs collaborateurs locaux veulent faire de la Turquie un pays débarrassé de toute personne qui milite pour sa dignité nationale, son indépendance, ses droits et ses libertés.
Face à eux, il y a des héros. Face à eux, Fidan et Ahmet Ibili ont surgi le 19 décembre. Puis Gültekin, Gülsüm, Nail, Sevgi, Ugur... Nos corps forment désormais une montagne. Nos cercueils se bousculent dans les processions funèbres...
Maintes fois, nous avons appelé l’ennemi à résoudre ce problème. Nous l’avons sommé de mettre fin à l’isolement. Nous l’avons crié avec chaque mort.
Si nos héros savent mourir, ils savent tout autant demander des comptes.
Ceux qui ne résolvent pas cette question doivent savoir qu’ils devront faire face à des dizaines, voire des centaines de Sengül.
Le fait que notre action n’ait pas matériellement atteint sa cible ne change rien. Sengül et les siens poursuivront leur chemin. Les Unités Fédayine sont intarissables. Des centaines d’unités fédayine vont naître sur ces terres.
L’isolement doit être levé. Ceux qui ne lèvent pas les conditions d’isolement seront les responsables de tout acte violent qui viendrait à se produire.
Nous allons continuer à donner des martyrs et à demander des comptes mais nous n’en serons pas les responsables.

TENDEZ L’OREILLE AUX DERNIERES PAROLES DE SENGÜL!
Tendez l’oreille à Sengül. Elle s’adresse à la conscience, à l’esprit et à la raison de ceux qui en ont :
Avant de nous prononcer ces dernières paroles par son action, notre combattante fédayine Sengül Akkurt a laissé ce message adressé à toutes les forces politiques. Voici sa dernière lettre dans laquelle elle dit tout ce qui devait être dit:

Ceux qui disent “Ne mourez pas”, “ne faites pas d’actions armées”, “faites de la lutte démocratique” se sont tus. Ils se sont tus et n’ont rien fait.Le pouvoir continuait à tuer.
Nous nous sommes tus... Nous nous sommes longtemps tus...Nous avons continué notre résistance en utilisant seulement nos vies... Nos ennemis ont pris notre silence pour une faiblesse. Ceux qui ont perdu toutes leurs valeurs morales et politiques n’ont pas voulu comprendre notre mort silencieuse. Et avec cette attitude, ils nous ont forcé à faire usage de violence contre la violence. Le pouvoir a continué ses massacres, a fermé les yeux face à l’agonie de nos camarades et a cru que nous continuerons à garder le silence. Nous n’avons pas choisi de recourir à la violence contre la violence. C’est le parti AKP et son attitude qui l’ont voulu... Ainsi, nous ne faisons qu’utiliser notre droit de représailles. Nous allons désormais répondre à la violence par la violence. Nous n’avons pas choisi cette voie. C’est le pouvoir collaborateur AKP qui l'a choisi et à ce titre, il devra en assumer les conséquences.
Pour demander des comptes à nos 106 camarades assassinés... pour la levée de l’isolement... Pour l’arrêt de la répression et de la tyrannie... je vais me venger du pouvoir des assassins en donnant ma vie.
Je vais donner ma vie pour faire vivre, pour mon pays et pour mon peuple.
En donnant ma vie, je vais en prendre aussi...”

Ceux qui croient que nous avons disparu parce que nous avons gardé le silence, ceux qui interprètent notre silence par de la capitulation se trompent. Nous ne nous sommes pas tus. Ceux qui croient que nous nous sommes tus sont ceux qui n’ont pas entendu ce que nos morts ont dit.
Ceux qui meurent pour leurs convictions et leurs opinions peuvent aussi tuer pour les mêmes raisons.
Le pouvoir et les forces de l’ordre établi n’ont pas compris pourquoi les résistants du jeûne de la mort incarcérés ou à l’extérieur ont choisi une forme d’action “qui ne fait de tort à personne si ce n’est à eux-mêmes”. Ils n’ont pas compris mais l’oligarchie a été jusqu’à qualifier cette résistance “d’action terroriste”. Certains milieux de “gauche” ont eux-mêmes, dans une lourdise totale, taxé notre résistance par le jeûne d’action “violente”. Dès le début, nous l’avons exprimé en ces termes: Quelle que soit la dimension de l’attaque, nous n’abandonnerons jamais nos opinions, nos convictions et nos idéaux. Même si les prisons de type F deviennent les tombeaux de tous les prisonniers, même si les envahisseurs américains sont à nos frontières, nous n’abandonnerons jamais notre résistance. Cependant, ceux qui nous ont laissé l’unique choix de “mourir” ne doivent surtout pas oublier qu’il y a différentes manières de mourir.
Les actions fédayines sont des formes de “mort” développées par les peuples dans des situations de tyrannie intense. Le sacrifice est une forme d’action destinée à protéger la vie des peuples.
Cette guerre est menée contre l’Amérique et ses collaborateurs. Dans cette guerre où l’on meurt et où l’on tue, l’Amérique et ses collaborateurs ont imposé la faim, l’exploitation, la dépendance et n’ont laissé aucune possibilité de résister au peuple.
Cette guerre est déclarée à ceux qui assassinent au nom de la “démocratie” et aux exploiteurs.
Cette guerre est une guerre pour l’indépendance, la démocratie et le socialisme.
Ceux qui ignorent cet “ordre du jour” ignorent le combat pour l’indépendance et la démocratie. Ceux-ci rejettent la devise de l’indépendance et sont des sbires qui espèrent que les Etats-Unis et l’Union Européenne vont instaurer la démocratie.
Nous ne pouvons accepter la collaboration avec l’Amérique. Nous ne pouvons accepter d’être une colonie.
Le nombre de nos martyrs s’est élevé à 107. L’Amérique est devenue plus agressive que jamais. Le pouvoir collabo est devenu frénétique. Malgré cela, nous n’allons pas abandonner. La véritable mission des révolutionnaires et des patriotes apparaît précisément dans ce genre de périodes.
Nous allons poursuivre la mission que nous endossons depuis 33 ans. Les prisons de type F sont une politique d’extermination élaborée par l’Amérique. Nous ne l’accepterons jamais. Nous ne permettrons pas que l’on arrache de nos terres notre espoir et notre rêve d’indépendance. Nous résisterons de toutes les manières possibles. Tout le monde doit le savoir ainsi.
Avec nos camarades qui, dans les prisons de type F, progressent vers la mort, avec nos combattants qui vont demander des comptes à l’Amérique et à ses collaborateurs, avec les militants révolutionnaires que nous avons dans tous les terrains de la vie, nous allons continuer ce combat.

NE RECHERCHEZ PAS LE RESPONABLE DE CETTE VIOLENCE DANS DE FAUSSES PISTES!
SENGÜL ET SES CAMARADES DEFENDENT LES REVENDICATIONS LES PLUS ELEMENTAIRES ET LES PLUS HUMAINES D’UN PEUPLE SOUFFRANT DE FAIM ET DE REPRESSION! LES RESPONSABLES DE CETTE VIOLENCE SONT CEUX QUI NE LAISSENT D’AUTRE VOIE A CEUX QUI VEULENT LE PAIN ET LA LA JUSTICE QUE CELLE DE LA GUERRE !
Quand une bombe explose ou quand un coup de feu retentit, on entend en premier lieu l’habituelle “chorale du terrorisme” et en deuxième lieu “la chorale des théoriciens du complot”. Or, la réalité est beaucoup plus limpide et plus nue. Les raisons de la violence et de la lutte sont loin d’être un secret.
En se fixant sa ceinture explosive, notre combattante fédayine Sengül Akkurt avait des raisons très concrètes et très intelligibles : Voici comment elle exprime ses raisons à son parti:

“Pour moi, le mouvement (le parti) c’est ... ne pas mourir de faim ni agoniser aux portes des hôpitaux, ni comme de nombreux retraités, dans les files d’attente pour recevoir leur maigre pension. Pour moi, le mouvement, c’est que l’on puisse acheter du lait pour son bébé, c’est la fin des distributions de pitance, c’est la fin de l’exploitation des enfants, c’est le droit aux enfants de pouvoir jouer, manger de la glace, de la viande, des oeufs, du fromage, c’est la fin des fouilles dans les poubelles pour quelques croûtes de pain, c’est que personne ne tremble plus de froid dans les nuits d’hiver glacial, que les enfants ne soient plus des otages du tiner ou de la colle. C’est la fin du chômage et de la marchandisation des jeunes femmes. C’est ne plus lire dans les journaux, des nouvelles à propos d’exactions commises par des forcenés, de suicides, de crimes, de vols, de débauche. Au lieu de croiser des regards pâles, désespérés, perdus, las, malades, éteints, appeurés, c’est de voir dans la rue des gens en pleine forme, bien portant, sûrs d’eux, au regard pétillant. Le mouvement, c’est l’espoir. Le mouvement, c’est la nostalgie que l’on ressent pour le pain, la justice, l’égalité, la liberté et la patrie libre. En bref, le mouvement, c’est l’avenir.”

Tout est si clair.
Quand elle embrassa sa ceinture explosive, elle ne pensait plus qu’à la fin du régime cruel de l’isolement.
Ceux qui recourent à la violence, ce sont les gouvernements successifs, ceux-là même qui ont fait des massacres et qui imposent l’isolement carcéral.
Ceux qui considèrent qu’il n’est pas correct de recourir à la violence doivent dans ce cas nous montrer le chemin qui mène à la solution. Luttez au moins là où vous dites exister, c’est-à-dire dans un cadre éloigné de la “violence” et du “jeûne de la mort”. Ceux qui ne luttent même pas dans ce cadre minimum n’ont pas de droit de critique. Les donneurs de leçons ne font qu'approuver la poursuite du régime d'isolement carcéral. Si ceux qui ignorent la résistance et la problématique des prisons de type F, qui déclarent que cela ne fait pas partie de “leurs priorités” n’agissent pas au moins selon leurs propres moyens, ne font qu'approuver la violence de l’Etat, l’extermination des révolutionnaires et de leurs convictions.

SENGÜL ET SES CAMARADES SONT LES BOURGEONS INEPUISABLES DES TERRES D’ANATOLIE !
Notre camarade Sengül Akkurt est née le 18 mai 1977 à Malatya. Lorsqu’elle est tombée martyr, elle venait juste d’avoir 26 ans.
Elle était en fait originaire d’Adiyaman. Plus précisément, du village d’Ovi Sipi (dont le nom turc est Aksu).
Elle étudia au Lycée Gazi de Malatya. C’est à cette époque qu’elle devint une militante. D’abord parmi la Jeunesse Lycéenne Révolutionnaire. Ensuite, toujours à Malatya, elle travailla dans la presse révolutionnaire. A Istanbul, elle travailla au bureau central de l’hebdomadaire Kurtulus (Libération). Elle prit par à la lutte des habitants du bidonville de Nurtepe. Elle fut arrêtée et torturée à plusieurs reprises. Elle connut la captivité à Malatya et à Istanbul. Elle fut ensuite condamnée par les tribunaux de l’oligarchie de manière arbitraire et fut déclarée recherchée. Suite à quoi, elle poursuivit son engagement révolutionnaire dans la clandestinité.
Durant toutes ses années d’études secondaires, elle vécut comme une travailleuse. Elle travailla dans les champs, dans le tabac, dans la cueillette d’abricots, dans des restaurants et des magasins. Elle connut la privation et affronta les difficultés de la lutte clandestine avec la patience d’une ouvrière. Elle ne s’est pas plainte un seul jour. Au contraire, elle a toujours assumé ces tâches avec enthousiasme et détermination. Elle commença véritablement à assumer sa mission au lendemain du massacre du 19 décembre. Pour Sengül, la signification de cette époque est la suivante:

“L’après 19 décembre... c’est comme si tous les sentiments comme la fidélite, la camaraderie, le chagrin ressenti pour les martyrs, la tristesse, la douleur, la joie, l’espoir, la foi, la haine, l’amour pour le genre humain avaient trouvé leur signification véritable. Après le 19 décembre, je ne voulais plus que me venger. Une fois mon règlement de compte avec moi-même terminé, j’ai attendu ce moment. Je pense avoir mieux compris aujourd’hui l’importance et la grandeur de notre rôle en regard de l’avenir de notre pays et du monde.”

Elle avait bien compris. C’est pour cela qu’elle a voulu sans hésitation devenir une combattante fédayine.
Sans hésiter un seul instant, elle a attendu “ce moment-là”.
Quand le moment est venu, elle a défié l’ennemi avec la même résolution. Un obstacle est apparu sur son parcours, l’empêchant de remplir sa mission. En réalité, elle a accompli sa mission. A travers elle, le monde entier a vu en elle la détermination à aller jusqu’à sa cible.
Face à la politique d’isolement et d’extermination de l’Amérique et de leurs collaborateurs, la résistance continue. Elle continuera.
Face à la volonté de la résistance, les massacres, la répression, les menaces, l’isolement, la censure ont été un échec et sont condamnés à l’échec.
Nous vous avertissons encore une fois: Mettez fin à l’isolement!
Tant qu’il n’y sera pas mis fin, les continuateurs de cette politique seront les responsables de toutes les conséquences.

Devrimci Halk Kurtulus Cephesi