Voilà trois ans que dure la résistance des prisonniers
politiques de Turquie contre le régime disolement
auquel ils sont soumis.
Cette résistance sous forme de grève de la faim
au finish appelée jeûne de la mort avait
précisément commencé le 20 octobre 2000,
date à laquelle 100 prisonniers politiques se lançaient
dans cette action. Cette résistance a indéniablement
joué un rôle moteur dans la lutte contre lisolement.
Pas moins de 107 personnes y ont perdu la vie. Près de
500 prisonniers politiques ont subi la torture de lalimentation
forcée et une médicalisation dont lintention
nétait pas de guérir les grévistes:
le résultat est que les prisonniers médicalisés
sont devenus des morts vivants. Ils souffrent en fait dune
amnésie continue appelée « syndrome de Wernicke
Korsakoff ».
Leurs fonctions cérébrales sont gravement endommagées.
A côté de ceux qui ont perdu la vie ou la mémoire,
des centaines de personnes qui ont pris part à la résistance
contre lisolement ont été blessées
durant les brutalités policières ou ont été
arrêtées.
Il sagit donc dune résistance qui se poursuit
au prix de massacres, de tortures, de martyrs, de mutilations
et de séquelles. Létat de santé des
résistants qui sont nez à nez avec la mort, crée
un climat dincertitude, de profonde inquiétude et
de souffrance parmi leurs entourages, leurs familles et leurs
camarades.
Le désespoir et limpuissance face à la mort
ont occasionné une grande douleur.
Outre ces sacrifices, des milliers de personnes ont participé
à diverses actions de solidarité avec les prisonniers
politiques tout au long de la résistance carcérale.
La police a fait preuve de brutalité durant toutes ces
actions. Des milliers dentre eux ont été tabassés,
des centaines dentre eux ont été incarcérés.
Quoique la résistance contre lisolement ait commencé
dans les prisons, celle-ci sest popularisée, au point
de devenir au sein de lopposition, le pôle dattraction
le plus massif et le plus militant en Turquie.
LA REPRESSION SEST ACCRUE
LA RESISTANCE AUSSI
Au 61e jour de la résistance, soit le 19 décembre
2000, lEtat de la Turquie a perpétré un assaut
synchronisé dans 20 prisons. Dans cet assaut, 28 prisonniers
ont été assassinés par balles, sous les bombes,
après avoir été tabassés et brûlés
vifs.
Avec ce massacre, les prisonniers politiques ont été
déportés vers les prisons cellulaires dites «
de type F ». Tous les prisonniers déportés
ont été sauvagement torturés. Les policiers
tortionnaires ont recouru aux harcèlements sexuels et aux
viols pour écraser la personnalité des prisonniers.
Face à ce massacre, près de mille prisonniers politiques
ont rejoint le jeûne de la mort. Cette riposte des détenus
a été un message fort qui montrait quaucune
résistance ne parviendrait à détruire la
résistance.
VIE DE TYPE F
Après leur déportation, les prisonniers étaient
désormais dans des cellules individuelles ou des cellules
par trois pour une durée indéterminée. Leur
existence devenait désormais un supplice. Ils nétaient
désormais plus que des prisonniers mais aussi des cobayes
pour limpérialisme qui expérimentait sur eux
les moyens de « soumettre les esprits, émousser la
volonté et lhumanité » du prisonnier.
Ainsi, certaines mesures connues dans les camps nazis étaient
désormais en vigueur dans les prisons de type F.
Désormais, des milliers de prisonniers politiques tentent
de résister contre les cellules disolement dun
régime tortionnaire, assassin et violeur.
A côté des détenus qui faisaient montrent
dune résistance opiniâtre contre les cellules
disolement, il arrive que des personnes, pour des raisons
individuelles, se retrouvent en situation de défaite. Rien
que ces derniers mois, il y a eu trois suicides. Les prisonniers
que lon tente disoler sont détruits psychologiquement
et sont poussés au suicide. Cest le but même
des cellules disolement de ces camps nazis dernier cri.
UNE RESISTANCE QUI DURE DEPUIS 1000 JOURS
De la résistance du jeûne de la mort entamé
en octobre 2000 au massacre de décembre 2000, les première
et deuxième équipes de volontaire du jeûne
de la mort ont porté le drapeau. Suite au massacre et à
la participation massive qui sensuivit, il y a eu en tout
neuf équipes de volontaires. Le 15 juillet 2003 qui correspond
au 1000e jour du jeûne de la mort, une dixième équipe
de volontaires rejoindra le mouvement, ce qui montre que la résistance
est loin de sessouffler.
PETIT HISTORIQUE POUR COMPRENDRE LE JEÛNE DE LA MORT
1980:
Le 12 septembre 1980, une junte fasciste pro américaine
sempare du pouvoir en Turquie. Dès les premiers jours
du coup détat, des centaines de milliers de personnes
sont arrêtées. Au lendemain de ces rafles, une tradition
de résistance naît dans les prisons. Demblée,
lun des objectifs de la junte est de détruire lidentité
politique des éléments les plus dynamiques et les
plus séditieux de notre pays. Pour ce faire, les militaires
adoptent divers programmes de réhabilitation.
Ils commencent par imposer luniforme pour uniformiser les
prisonniers et les dépersonnaliser. Contre le port de luniforme,
des dizaines de résistances sorganisent. Finalement,
en 1984, sous le leadership de Devrimci Sol (Gauche révolutionnaire),
larme du jeûne de la mort est utilisé pour
la première fois dans lhistoire des prisons de Turquie.
Cette résistance qui se solde par quatre martyrs est une
victoire politique cinglante car elle est occasionne le retrait
de luniforme. Dans ce premier jeûne de la mort de
notre histoire, notre leader Dursun Karatas prend part. Cette
résistance est marquée par la participation des
cadres dirigeants de Devrimci Sol.
Ce jeûne de la mort de 1984 constitue un tournant dans lhistoire
de notre résistance carcérale. Tous les programmes
de réhabilitation des détenus établis dans
les prisons militaires ont capoté. La traditionnalisation
de la résistance a fait gagner un nouveau concept à
notre histoire: LA CAPTIVITE LIBRE. Cette appellation signifiait
que notre ennemi pouvait nous capturer, nous assassiner, nous
torturer mais il ne pouvait pas nous assujettir.
1996:
Les prisons qui étaient toujours en résistance jusquà
cette époque, ont été les plus grandes sources
dinspiration de la lutte des classes. Le mouvement de masse
qui a connu un recul avec le coup détat de 1980 sest
ravivé après le jeûne de la mort de 1984.
Les luttes des ouvriers, des jeunes, des femmes navaient
pas la forme de grèves, de manifestation ou de boycotts
mais de grèves de la faim. Malgré le fait que les
grèves de la faim aient été des formes daction
spécifiques aux prisons, cette lutte devenait une forme
daction essentielle dans la lutte des classes.
Jusquen 1996, la résistance dans les prisons de Turquie
était toujours vivace. Car chaque droit acquis par la résistance
était à nouveau confisqué arbitrairement
par lEtat. La vie dans les prisons se poursuivait dans ce
cycle incessant entre répression, résistance et
victoire.
Durant cette période, le régime cellulaire en vigueur
en Europe et aux Etats-Unis appelé torture blanche et notamment
le succès essuyé en Italie par le programme de «
réhabilitation des détenus » inspirait les
dirigeants de notre pays mais face à la résistance
des prisonniers, ont renoncé à ce projet.
A partir de 1990, le système cellulaire revenait à
lordre du jour de manière plus régulière
avec notamment le prototype cellulaire dEskisehir. Mais
depuis 1990, il ny a pas eu de transfert vers cette prison.
En 1996, quand on parlait à nouveau de transferts, larme
du jeûne de la mort était de nouveau à lordre
du jour. Le jeûne de la mort de 1996 se couronna de victoire
avec 12 martyrs. Cest ainsi que les transferts furent arrêtés.
Après la victoire de 1996, lEtat navait pas
renoncé à la politique cellulaire. Mais ils voyaient
que la résistance des prisonniers et le concept de Captif
libre allait le faire déchanter. Le nouvel objectif était
désormais de détruire la capacité de résistance
des prisonniers.
Cette période qui a créé les conditions pour
les jeûnes de la mort de 2000 est émaillée
de massacres dans les prisons.
A Buca, en 1995, trois prisonniers du DHKP-C sont assassinés
sous prétexte quils voulaient sévader.
Au début de lannée 1996, quatre prisonniers
du DHKP-C ont été sauvagement tués dans la
prison dÜmraniye.
Après la victoire du jeûne de la mort de 1996, à
Diyarbakir, 10 prisonniers ont été assassinés
avec des gourdins et des poutres.
Le 26 septembre 1999, à Ankara-Ulucanlar, les prisonniers
révolutionnaires ont demandé un dortoir supplémentaire
en raison de la surpopulation de leurs chambrées. En réponse,
ils ont été pris dassaut par les militaires.
Tabassés, fauchés par les balles et gazés,
dix prisonniers ont perdu la vie.
En dehors de ces massacres, il y a eu de nombreuses tentatives
de massacres ainsi que des mesures qui prenaient les prisonniers
pour cible individuellement.
Tous ces massacres navaient quun seul but : forcer
les prisonniers révolutionnaires à la capitulation
par la violence et la terreur, éliminer leur identité
politique, les robotiser après les avoir inféodés
aux cellules disolement.
Durant tous ces massacres, lEtat a mis en avant le slogan
suivant: Si vous ne vous rendez pas, vous allez tous mourir.
Plutôt que de capituler, les prisonniers ont à chaque
fois préféré mourir.
2000
Les prisons cellulaires appelées prisons de type F apparaissent
précisément dans ce contexte de massacres. Peu avant
les transferts vers les prisons de type F, soit le 20 octobre
2000, les prisonniers du DHKP-C, du TKP(ML) et du TKIP ont entamé
une grève de la faim au finish contre la politique disolement.
Cette lutte qui fait apparaître un grand héroïsme
se poursuit encore et toujours.
LE JEÛNE DE LA MORT EST DECLARE: LES PIERRES COMMENCENT A SE METTRE EN PLACE
LEtat turc : Dabord lEtat avait misé
sur la démagogie selon laquelle les organisations politiques
forçaient leurs militants au jeûne de la mort. En
fait ils ne font pas « grève de la faim »,
« ils mangent en cachette » ont-ils dit. Progressivement,
ils ont commencé à menacer dintervenir et
dattaquer.
Le 19 décembre 2000, lEtat a assassiné 28
prisonniers révolutionnaires et blessé des centaines
dautres durant une attaque synchronisée contre 20
prisons. Plus dun millier de prisonniers, qui ont survécu
au massacre ont été déportés vers
ces cellules de type F par la torture et les harcèlements.
Après les premiers décès et les premières
funérailles qui ont quitté les prisons de type F,
on note les premiers cas de mutilés par médicalisation
forcée parmi les prisonniers résistants.
Malgré les interventions et les décès, cette
fois, on a tenté de soudoyer les prisonniers de la manière
la plus basse: on a commencé à relaxer les prisonniers
qui parvenaient au seuil de la mort.
La résistance par le jeûne poursuivi dehors par les
familles sest centré sur le quartier populaire de
Küçük Armutlu qui est devenu le cur aussi,
de la solidarité avec les prisons. Les prisonniers du DHKP-C
relâchés pour inciter à la corruption ont
cette fois rejoint les familles de TAYAD Küçük
Armutlu. Là aussi, il y eut des morts.
LEtat nest pas resté silencieux: en novembre
2001, il a mené deux assauts meurtrier dans le quartier
de Küçük Armutlu. Ce fut un massacre pareil à
celui du 19 décembre. Quatre de nos amis et camarades ont
été tués par asphyxie, à laide
de bombes incendiaires. Il y eut des dizaines de blessés.
Contre ce massacre perpétré au dehors, trois prisonniers
du DHKP-C se sont sacrifiés en solidarité avec les
familles de TAYAD en simmolant par le feu.
A part les massacres, lEtat a recouru aux réformes
légales pour tenter de mettre un terme à la résistance.
Dabord, les autorités ont interdit les publications
parlant des jeûnes de la mort. Ensuite, ils ont entériné
une loi qui interdisait la solidarité avec les grévistes
de la faim. Cela non plus na pas suffi : ils ont fait passer
une loi qui interdisait les jeûnes de la mort et les grèves
de la faim.
Entre-temps, la médicalisation forcée était
devenue monnaie courante.
LUnion européenne: quand on parlait de la Turquie, on évoquait à chaque coup des sujets tels les critères de Copenhague, les droits de lhomme, la torture. Mais à propos des prisons à cellules disolement, lUE les a déclaré conformes aux « normes européennes », a prétendu que les prisonniers étaient forcées par leurs organisations à faire grève de la faim, que les cellules disolement étaient plus humaines, ce qui revenait à approuver les massacres et les interventions médicales forcées. Cette position revient à cautionner la mort de 107 personnes.
La gauche turque: Au début du jeûne de la mort,
cette gauche rejetaient le jeûne de la mort parce quil
sagirait dune « forme daction erronée
» ou encore parce que « ce nest pas le moment
». Mais, le jour du massacre du 19 décembre, une
grande partie dentre eux ont rejoint la résistance.
Durant les trois jours qua duré le massacre du 19
décembre, le PKK qui compte le plus grand nombre de prisonniers
politiques a déclaré : « Nous ne sommes pas
comme eux ; nous ne résistons pas ». Cette attitude
a marqué la première rupture dans le mouvement.
Ensuite, le secrétaire général a défendu
le point de vue suivant : « Nous avons marqué notre
différence et cest tant mieux ».
Après le massacre du 19 décembre et les déportations
vers les prisons de type F, la plupart des organisations ont connu
une baisse évidente de possibilité de communication
parmi leurs membres. Il y a eu une incertitude quant à
la continuation de la résistance dans les cellules. Jusquau
21 mars 2001 où il y eut un nouveau décès
des suites du jeûne de la mort. La résistance se
poursuivait donc envers et contre tout. Cependant, diverses organisations
de gauche ont avancé lidée quil était
« impossible de faire triompher la résistance ainsi
car, il fallait hausser la lutte à lextérieur
». Et pour cela, ils ont annoncé « la fin du
jeûne de la mort ». Cette annonce a marqué
la deuxième grande rupture dans le mouvement.
Autant ces ruptures sont enrobées de discours politiques
et de prétextes idéologiques, la réalité
nest pas ainsi. Le nud du problème est que
ces organisations nont pas la volonté sur le plan
idéologique, politique et organisationnel de poursuivre
cette résistance.
Ces ruptures nont fait que plaisir à lEtat
et a renforcé la position de lEtat consistant à
vouloir mettre fin à cette résistance sans la moindre
concession. Là-dessus, le ministre de lintérieur
de lépoque appelé Hikmet Sami Türk rebaptisé
par la population Goebbels Sami a dit « Si on cesse de soutenir
les grévistes de la faim, si la presse cesse den
parler, ce jeûne de la mort pourrait sachever dici
un an. Ce qui la encouragé à faire un
tel discours, cest essentiellement les défections
quil y eu.
Ces défections ont déclenché une nouvelle
phase dans la résistance: désormais, la résistance
contre lisolement est menée par les seuls prisonniers
du DHKP-C. Ce refus de concession nécessitait un sacrifice
plus grand.
En fait, on a vu très vite que les affirmations allant
dans le sens dune plus grande lutte à lextérieur
étaient une coquille vide. Ceux qui défendaient
cette thèse nont rien fait. Désormais, pour
ces gens, lisolement allait devenir un sujet désuet.
La gauche européenne et mondiale: Les actions de solidarité
ont été dune certaine vivacité mais
progressivement, elles ont périclité. Il est indéniable
que lune des raisons a été le manque dinformations
correctes et fournies à temps. Cependant, la longueur de
la résistance et la lourdeur des pertes a engendré
des discussions sur la « justesse et lefficacité
de laction ». Mais ces discussions nont jamais
été menées avec les interlocuteurs de la
résistance et nont jamais été exprimées
de manière très ouverte. Les conclusions tirées
de ces discussions ne se sont exprimées que dans le silence
et léloignement de la part de ses protagonistes.
Même si nous tenons à lécart de ses
critiques nos amis irlandais qui ont une expérience en
grève de la faim au finish ainsi quune grande partie
de nos amis italiens et grecs qui ont fait preuve dune sensibilité
remarquable, le silence rencontré en Europe a également
eu un rôle néfaste et dévastateur.
La gauche européenne qui connaît beaucoup de lacunes
dans la poursuite de résistances à hauts risques
a eu de grandes difficultés à comprendre la résistance
du jeûne de la mort.
Malgré sa grande expérience dans la lutte contre
les prisons de limpérialisme et contre lisolement,
elle a perdu ces luttes et a adopté une attitude qui accepte
les cellules disolement au nom des droits individuels, des
droits à la vie privée, ce qui constitue une conformation
à la démagogie impérialiste. Cela a évidemment
eu pour conséquence, lacceptation de lisolement
et du moins le manque de sensibilité à ce sujet.
Naturellement, la lutte contre lisolement en Turquie est
demeurée sous lombre de ses analyses erronées.
Un autre facteur est du à la nature même dun
type daction comme celui du jeûne de la mort. Le jeûne
de la mort est une forme daction qui se base sur la mort.
Cest une action dont laboutissement est la mort sans
laquelle il est impossible de vaincre.
On parle évidemment de la vie du prisonnier révolutionnaire.
Chaque décès crée un climat qui force ceux
qui sont en dehors de la résistance à la remise
en question sur le plan moral et au règlement de compte
avec soi-même. Se mesurer avec soi-même et remettre
son engagement en question amènent à leffort
sur le plan moral et éthique permettant de parvenir à
la victoire. Ce règlement de compte peut spontanément
apporter de nouvelles missions et de nouvelles responsabilités.
Lun des moyens de fuir cette remise en question est de dire,
« je trouve que les jeûnes de la mort ne sont pas
des actions correctes ». Ce point de vue engendre léloignement
par rapport à la résistance.
La vision erronée quant à la vie et à lengagement
révolutionnaire joue aussi un rôle. La démagogie
du caractère sacré de la vie est utilisée
par les impérialistes contre les luttes opiniâtres.
Parfois, il arrive que cette démagogie soit utilisée
par ceux qui se prétendent être révolutionnaires
ou communistes, ce qui les unifie aux discours des humanistes
bourgeois. Concernant les sacrifices et les morts, le point de
vue des révolutionnaires doit être plus net. Si lon
veut quil y ait moins de sacrifice, il faut soutenir cette
lutte. Car seul un soutien important pourra écourter la
voie de la victoire. Face aux pertes humaines essuyées
pour des causes quil trouve juste, lhumaniste bourgeois
nourrit un sentiment de pitié. Le point de
vue le plus répandu au sein de la gauche européenne,
cest ce sentiment de pitié. Mais alors, quelle est
la différence entre un révolutionnaire ou un militant
extraparlementaire et un humaniste bourgeois ? Cette absence de
position dans la question des jeûnes de la mort est importante
par rapport au positionnement de classe de la gauche en Europe.
Lisolement vise à détruire lêtre
humain, son cerveau et ses opinions. Lisolement cest
une torture, une mort lente et silencieuse. Ce constat est celui
de tout léventail de la gauche mais malgré
cela, on doute du sérieux avec lequel celui-ci est défendu.
Le jeûne de la mort vise précisément à
faire stopper la torture. De ce point de vue, lisolement
ne concerne pas uniquement la gauche, révolutionnaire,
communiste, extraparlementaire mais tout être humain. En
ce sens, le thème de lisolement devrait être
défendu par toutes les franges de la population et tout
particulièrement les milieux qui traitent des droits humains.
NOTRE RESISTANCE PAR LE JEÛNE : LUTTE POUR CESSER LA
MORT EN MOURANT
LE BUT NEST PAS DE MOURIR MAIS DE FAIRE VIVRE
La vie de nos camarades est très précieuse pour
nous. Le recours aux jeûnes de la mort nest pas dû
à un choix. Lattitude de lEtat est claire:
tu capitules ou tu crèves. Face à ce dilemme, le
jeûne de la mort est une attitude révolutionnaire.
Ceux qui se disent : je ne trouve pas que cest actions
sont correctes parce que cela coûte la vie à des
révolutionnaires que croient-ils que nous pensons?
Dans une période où lon connaît des
redditions et des défections considérables, où
les forces révolutionnaires subissent toutes sortes dérosions
et daltérations, nous restons résolument sur
le chemin de la révolution. Nous sommes une organisation
révolutionnaire sérieuse, qui se veut conséquente
dans la défense de ses thèses révolutionnaires
et qui lutte pour la prise du pouvoir. Nous organisation sest
développée dans une période où le
bloc socialiste sest effondré, où les guérillas
en passe de prendre le pouvoir ont déposé les armes
et livré leur pays à limpérialisme
et à loligarchie.
Les caractéristiques qui nous sont propres sont notre fidélité
envers nos camarades, notre organisation et notre peuple. Dans
notre tradition, il y a la résolution à se sacrifier
pour eux sans jamais se rendre quelles que soient les conditions.
Les jeûnes de la mort sont le plus bel exemple. En 1996,
12 prisonniers sont tombés en martyr dans la résistance
carcérale. Dans les actions de soutien aux jeûnes
de la mort de 1996, il y a eu aussi 12 morts à lextérieur.
Le jeûne de la mort de lannée 2000 est en ce
sens très riche en exemples.
Les prisonniers en jeûne de la mort, les familles ont relayé
le mouvement à lextérieur, trois guerriers
du DHKP-C se sont sacrifiés dans des actions fedayin et
aujourdhui, des unités fedayin ont été
constituées.
Pour que les prisonniers ne meurent pas, les familles se sont
alitées pour mourir et sont mortes. LEtat a perpétré
un massacre parmi les familles. En guise de protestation à
ce massacre, des prisonniers se sont sacrifiés.
Les prisonniers libérés ont continué leur
résistance à lextérieur. Leur but a
été de sauver leurs camarades dun supplice
mortel.
Aujourdhui, la plupart des prisonniers sont des personnes
qui ont été arrêtées pour avoir protesté
contre les cellules disolement. Et aujourdhui, les
volontaires du jeûne de la mort sont pour la plupart ces
mêmes personnes qui étaient dans la rue par solidarité
avec les prisonniers politiques.
Cette lutte mobilise et engage lintérieur et lextérieur,
femmes et hommes, cadres et sympathisants, militants et ménagères,
jeunes et vieux. Cette lutte contre lisolement est devenue
un mouvement de masse et lhéroïsme sest
popularisé. Notre résistance puise sa force dans
notre volonté de défendre et de protéger
nos camarades, dans notre fidélité mutuelle.
NOUS APPELONS TOUT LE MONDE A DEFENDRE LA GRANDE RESISTANCE
DES PRISONNIERS CONTRE LISOLEMENT
Il ne faut surtout pas oublier: la lutte contre lisolement,
ce nest pas une lutte pour nous-mêmes. Cest
en même temps une lutte contre la terreur utilisée
par limpérialisme contre les peuples et leurs résistances.
La défaite des cellules disolement en Turquie serait
une victoire contre la torture blanche en général
qui est appliquée en Europe, aux Etats-Unis et que lon
tente de développer dans tous les pays colonisés.
Nous savons bien que si en Europe, on était parvenu à
reléguer les mesures disolement dans les poubelles
de lhistoire, il ny aurait pas eu de prisons de type
F en Turquie. Si nous navions pas ainsi affronté
les prisons de type F, lisolement aurait été
encore plus généralisé dans notre pays.
DES PRISONS SOUTERRAINES:
Aucune forme de répression de lEtat ni aucun sacrifice
na stoppé notre lutte. Les cellules individuelles
nont pas suffi à isoler nos camarades de notre peuple
ou de notre lutte. Cest pour cela que les prisons de type
F nont pas atteint leurs buts. LEtat a fait le même
constat voilà pourquoi, celui-ci na pas tardé
à construire des prisons souterraines. Ces cellules obscures
au plafond rabaissé de sorte quun homme ne peut sy
tenir debout se construites à grande vitesse. Nous continuons
de résister. Nous appelons tout le monde à faire
cesser les décès avec nous et nous invitons à
se battre et à vaincre ensemble les régimes impérialiste
et fasciste.
LA SOLIDARITE EST LA CONSCIENCE DU PEUPLE
LES HEROS SONT IMMORTELS, LE PEUPLE EST INVINCIBLE
LA CARAVANE DE LA RESISTANCE AVANCE DEPUIS 1000 JOURS
DHKC International
Le 10 juillet 2003