Depuis le 20 octobre 2000, plus de 1000 prisonniers révolutionnaires turcs et kurdes et 300 membres de leurs familles à l’extérieur sont en grève de la faim jusqu’à la mort. Ce mouvement répond à la mise en service des prisons de type F. Sous le couvert de la modernisation et de l’humanisation des établissements pénitentiaires, le régime turc tente d’introduire l’isolement comme système de destruction des collectifs de prisonniers révolutionnaires et des militants eux-mêmes par la torture blanche et les agressions physiques. Cette grêve de la faim est le fer de lance du mouvement de résistance au programme des assassins.
Et à ce jour plus de vingt grévistes sont morts, plusieurs centaines sont hospitalisées entre la vie et la mort.

Face au silence de la collaboration et des intérêts supérieurs de l’intégration de la Turquie au système de commandement de l’OTAN, à la CSCE et ses rapprochements avec l’union européenne, nous répondons où nous nous trouvons parla solidarité et par la dénonciation du régime fasciste turc autoproclamé démocratique. Déjà de nombreux prisonniers politiques et sociaux ont déclenché des mouvements de lutte dans différentes prisons de l’Etat Français.

Aujourd’hui en tant que collectif des prisonniers politiques d’Arles, nous entreprenons une semaine de lutte jusqu’au 2 juin.

Avec les prisons de type F, le régime turc a le but de désolidariser et de détruire les collectivités de résistance des révolutionnaires emprisonnés à l’intérieur des prisons ainsi que les liens avec les mouvements de guerilla à l’extérieur. Pour cela, il est prêt à aller jusqu’aux massacres comme les différentes opérations militaires l’ont déjà démontré au cours de ces vingt ultimes années. Le gouvernement turc frappe fort les détenus car, comme tous les régimes réactionnaires, il sait qu’en écrasant la collectivité des révolutionnaires emprisonnés, il gagne une victoire fondamentale dans la lutte contre l’ensemble du mouvement révolutionnaire. Les 19, 20, et 21 décembre dernier marquent d’une pierre sanglante cette stratégie. 28 prisonniers furent assassinés lors de l’assaut des prisons.

Pourquoi un tel acharnement à écraser la lutte révolutionnaire dans ce pays ?

Parce que la Turquie assume un poids géostratégique considérable dans la région Caucase-Proche Orient. Entre autres, sa situation est essentielle à la création et à la préservation nouvelles voies pour les matières premières soutirées aux Républiques de l’ex-Urss plus, cet Etat n’est pas un simple porte-avion de l’Otan indispensable lors des conflits dans cette région comme cela fut le cas dans la guerre contre l’IraK. Il joue un rôle actif et direct dans les divers conflits caucasiens, en épaulant les alliés naturels de l’occident, comme il le fiat au sud en passant des accords de défense avec l’Etat colon d’Israël contre le mouvement de libération palestinien et arabe. Sans compter la répression du PKK qui lui a permis d’intervenir contre le peuple kurde hors de ses frontières.

Ce que nous devons comprendre, c’est que tout affaiblissement de la Turquie est un pas en avant pour tous les mouvements de contestation dans la région. Être solidaire des prisonniers turcs, c’est déchiffrer cet enjeu, c’est saisir la centralité de la lutte révolutionnaire en Turquie pour nous tous en Europe.

Nous sommes solidaires des revendications des prisonniers turcs et kurdes :
- Suppression des prisons de type F,
- Abolition des lois antiterroristes et dissolution de la Cours de Sûreté de l’Etat,

Car elles renvoient nos propres luttes ici dans cet Etat contre l’isolement dans les QI, contre la 14e section du parquet, contre les cours d’assises spéciales et plus généralement contre les lois spéciales de septembre 1986.

Mais la solidarité avec les prisonniers turcs en lutte n’est pas seulement une solidarité de prisonniers révolutionnaires à prisonniers révolutionnaires, c’est l’expression d’une conscience en devenir qui se construit combat après combats, pas à pas, dans la collectivité de la lutte ensemble au-delà des frontières, au-delà de nos histoires particulières et qui seule nous permettra d’affronter la globalisation da la dictature des monopoles transnationaux sur le terrain de la transformation révolutionnaire, de la destruction de l’impérialisme et des dernières traces de colonialisme.

Arles, le 28 mai 2001

 

Collectif des prisonniers politiques :
Antoine Adami,
Frédéric « Txistor » Aranburu,
Max Frérot,
Gabi Mouesca,
Ramuntxo Naveiro,
Jean Marc Rouillan.