Prisons en Turquie
Prisons en Turquie
 

 

Chronologie des luttes et répressions dans les prisons
(1980 - 2000)

 

1980
Le 12 septembre, l'armée prend le pouvoir. 60 000 arrestations de suspects d'activités terroristes. Près de 47 000 d'entre eux sont déférés devant les tribunaux : ±2000 " séparatistes " kurdes; ±6000 cadres et militants d'extrême-droite; ±39 000 cadres et militants d'organisations marxistes-léninistes armées.
±5000 révolutionnaires s'enfuient en Europe (Allemagne fédérale) ou au Proche-orient (Syrie).
L'armée saisit 152 000 armes de poing, 40 000 armes automatiques; des mortiers, des mines et des lance-roquettes par milliers et même des missiles anti-aériens.

14 SEPTEMBRE : Deux jours après le coup d'état du 12 septembre, Irfan Celik, un des leaders du TKP/M-L Hareketi, fut retrouvé mort dans sa cellule de la prison militaire Davutpasa à Istanbul. Capturé par la police politique quelques mois avant le coup d'état, il fut sujet à d'intenses tortures lors de son interrogatoire et plus tard amené à cette prison. Celik et un autre prisonnier politique, Hüseyin Karakus, furent mis dans une cellule de détention solitaire après le coup d'État. Là ils furent sujets à d'autres séances de torture par la police et des officiers, qui recherchaient des informations nouvelles. Ils résistèrent à la torture, qui dura des semaines. Plus tard il s'avéra que Celik s'était suicidé, probablement pour ne divulguer aucune information à ses tortionnaires.

7 NOVEMBRE : L'éditeur Ilhan Erdost fut battu et tué à l'entrée de la prison militaire Mamak d'Ankara. Après qu'ils aient été arrêtés, des soldats le mirent lui et Muzaffer Erdost, son frère aîné et collègue, dans un fourgon militaire, qui était supposé les conduire à la prison. Les soldats, sous le commandement de Sükrü Bag, un officier non commissionné, les attaquèrent et les frappèrent brutalement sur la route de la prison. Ilhan Erdost mourut dix minutes après qu'il ait quitté le fourgon et fut mis dans une cellule. Les coupables réels étaient le commandement du district de la loi martiale d'Ankara et particulièrement le colonel Raci Tetik, directeur militaire de la prison militaire Mamak, qui personnellement donna l'ordre de les battre. A la fin du procès, Sükrü Bag reçut une très légère peine, tandis que M. Tetik, le célèbre directeur fasciste de la prison militaire Mazmak, essaya de se défendre en déclarant qu'il n'avait pas ordonné aux soldats de tuer, mais seulement les avait exhorté à battre les deux frères !

12 NOVEMBRE : Décès d'un prisonnier politique à la prison militaire Mamak. Il se serait pendu à un tuyau avec une corde faite de draps.

27 DÉCEMBRE : Décès d'un prisonnier politique à la prison d'Adana.

 

1981

JANVIER : Décès d'un prisonnier politique à la prison militaire d'Erzincan.

MARS : Un prisonnier du PKK meurt à la prison militaire de Diyarbakir.

20 AVRIL : Un prisonnier du PKK meurt à la prison militaire de Diyarbakir.

16 MAI : Un prisonnier du PKK meurt à la prison militaire de Diyarbakir.

17 JUIN : Décès d'un prisonnier politique à la prison militaire de Diyarbakir.

24 JUILLET : Plusieurs prisonniers politiques sont sévèrement battus et blessés à la prison militaire Metris d'Istanbul quand des soldats et des policiers essayèrent de prendre d'assaut des dortoirs pour emmener des détenus à des fins d'interrogatoire et de torture. Pour briser la résistance des prisonniers, les forces de " sécurité " utilisèrent des gaz lacrymogènes et des matraques. Cet acte agressif fut dénoncé par des slogans dans toute la prison.

4 OCTOBRE : Hasan Alemlioglu perdit la vie à l'hôpital militaire Gülhane d'Ankara, paraît-il à cause de problèmes rénaux. En fait, M. Alemlioglu fut amené là de la prison militaire Mamak, après avoir été brutalement frappé.

13 NOVEMBRE : Décès d'un prisonnier politique à la prison militaire de Diyarbakir.

15 NOVEMBRE : Décès d'un prisonnier politique à la prison de type E de Bursa.

5 DÉCEMBRE : Un prisonnier politique meurt à la prison militaire de Metris. Il sentit une douleur au cœur à 22 heures et ses camarades essayèrent d'appeler un docteur jusqu'à 3 h. du matin, mais les autorités de la prison ne répondirent pas. Quand il fut emmené à l'hôpital Capa de la faculté de médecine, il était déjà mort. Il devait être relâché le lendemain.

13 DÉCEMBRE : Décès d'un prisonnier politique à la prison militaire de Metris dans des circonstances suspectes. Il se serait pendu avec la corde qu'il avait fait avec ses vêtements.

24 DÉCEMBRE : Des soldats lancent des grenades lacrymogènes sur les dortoirs durant une attaque contre les prisonniers politiques de la prison militaire Alemdag d'Istanbul. L'excuse immédiate pour cette attaque était le refus des prisonniers politiques de laisser emmener quelques-uns de leurs camarades pour interrogatoire, c'est-à-dire à la torture, pour la seconde fois. Deux d'entre eux décédèrent dans l'attaque, à cause d'empoisonnement et des douzaines furent affectés par les gaz et durent être soignés. Le 3 janvier 1982, un troisième prisonnier qui avait aussi été affecté par les gaz et suivait un traitement perdit la vie à l'hôpital Haydarpasa Numune.

27 DÉCEMBRE : Décès d'un prisonnier politique à la prison militaire de Diyarbakir.

 

1982

Au 1er décembre 1984, 41 952 suspects de terroristes ont été jugés par les cours martiales turques. 6827 prévenus ont été condamnés à des peines de prison (de un an à la perpétuité) 28 sentences de mort ont été exécutées, 5620 prévenus sont encore en détention préventive; 550, en fuite. 28 927 prévenus sont en liberté provisoire dans l'attente d'un procès, ou ont été acquittés.

10 FÉVRIER : Décès d'un prisonnier politique à la prison militaire Mamak d'Ankara.

22 FÉVRIER : Un prisonnier du PKK meurt à la prison militaire de Diyarbakir.

21 MARS : Un membre du PKK est torturé à la prison militaire de Diyarbakir. Il se pendit dans sa cellule afin de protester contre les horribles conditions pénitentiaires, y compris la négation de tout droit humain et du droit des prisonniers politiques à se défendre en justice, les coups systématiques et la torture et les insultes et humiliations continues de la pire espèce ciblant tous les détenus par les voyous du fascisme turc. Le 21 mars 1982, deux autres prisonniers politiques du PKK furent aussi assassinés à la prison militaire de Diyarbakir.

AVRIL : 621 militants de Dev Sol sont jugés par une Cour martiale à Erzincan (est de la Turquie)

21 AVRIL : Un prisonnier du PKK décède à la prison militaire de Diyarbakir.

17 MAI : Quatre prisonniers du PKK s'immolent dans leurs dortoirs de la prison militaire de Diyarbakir pour protester contre les conditions infernales. Un autre prisonnier du PKK décède aussi ce jour.

8 JUIN : Un membre du TKP/M-L Hareketi décède à la prison militaire de Sultanahmet. Il a été mis en détention préventive en 1981, a subi la torture dans les postes de police d'Üsküdar, Umraniye et Dogancilar, à Istanbul. Il se vit refuser tout traitement médical, en dépit de son état de santé empirant, et mourut.

9 JUIN : Un prisonnier du PKK décède à la prison militaire de Diyarbakir.

14 JUILLET : Un groupe de membres et de combattants du comité central du PKK informèrent les juges de la Cour de Sécurité d'État de Diyarbakir durant leur procès sur le fait que, en protestation pour les horribles conditions sous lesquelles ils sont forcés de vivre à la prison militaire de Diyarbakir, ils commenceront un jeûne à mort. En dépit des exhortations et des menaces d'officiers de la Contre-guérilla dirigeant la prison, ils mirent immédiatement leur décision en action et construisirent une insurmontable barricade pour résister et défier l'intolérable répression de l'ennemi avec leurs corps déjà affaiblis. Pir décéda au 56ème jour (7 septembre), Durmus au 61ème (12 septembre), Yilmaz au 64ème (15 septembre) et Ciçek au 66ème (17 septembre) de cette glorieuse action. Celle-ci devait annoncer le commencement d'un tournant à la prison de Diyarbakir.

23 AOÛT : Un sympathisant du PKK décède sous la torture et les coups à la prison militaire de Diyarbakir. Les autorités essayèrent de cacher le meurtre en alléguant qu'il était mort de cirrhose.

OCTOBRE : 574 militants de Dev Yol, dont 7 membres de la direction, à Ankara, pour 441 attentats, 78 meurtres et 28 hold-up entre 1975 et 1981. Toujours en octobre, 170 militants de Dev Yol de la région d'Izmir. Ce procès est le 21ème; d'autres tout aussi massifs, se sont déroulés à Adana (311 inculpés); Erzurum (880), Artuin (857), Yeni-Celtek (766). Plus de 5000 personnes ont déjà été jugées et 531, condamnées à mort.

15 OCTOBRE : Un étudiant membre de Devrimci Yol décède à l'hôpital d'Ankara. Il avait été conduit à la prison militaire Mamak d'Ankara en attendant son procès où il fut brutalement battu par des soldats durant une opération conduite par les autorités de la prison et emmené à l'hôpital.

NOVEMBRE : 385 militants de Dev Sol à Istanbul pour 280 " incidents armés " et 104 meurtres, dont celui de l'ancien premier ministre Nirhat Erim. En 1982, plus de 10 000 militants et sympathisants actifs de Dev Yol sont incarcérés et jugés; 130, condamnés à mort.

21 NOVEMBRE : Un prisonnier politique décède à la prison militaire de Diyarbakir.

20 DÉCEMBRE : Un prisonnier du MLSPB, fut blessé par balle et tué durant une tentative d'évasion à la prison militaire Hasdal d'Istanbul.

22 DÉCEMBRE : Un prisonnier politique décède à la prison militaire de Diyarbakir.

 

1983

JANVIER : Procès des membres du "Soviet de Fatsa" : 759 militants et cadres de Dev Yol, devant le tribunal militaire d'Amasya. Ils sont jugés pour 90 assassinats entre 1977 et 1980 et pour avoir extorqué un "impôt révolutionnaire" sur la population.
Décès d'un prisonnier politique à la prison militaire de Diyarbakir.

13 JANVIER : Un sympathisant du PKK décède à la prison militaire de Diyarbakir. Déjà malade, sa santé s'était encore plus détériorée suite aux coups et à la torture qu'il endura à la prison de Diyarbakir.

25 JANVIER : Décès d'un prisonnier politique à la prison militaire de Diyarbakir.

20 MARS : Décès d'un prisonnier politique à la prison d'Adana.

8 AVRIL : Un membre du TPK/M-L Hareketi décéda à la prison militaire Metris après qu'il ait été conduit en urgence à l'hôpital militaire de Gülhane à Ankara. Il a été arrêté en 1982 et torturé aux mains des inquisiteurs de la junte militaire. Ceci, couplé avec sa déjà pauvre santé et les conditions inhumaines prévalant dans les prisons militaires à l'époque, contribua à l'aggravation de son état. Il fut diagnostiqué une cirrhose, mais c'était déjà trop tard pour son traitement.

7 MAI : Décès d'un prisonnier politique à la prison militaire de Diyarbakir.

15 MAI : Décès d'un prisonnier politique à la prison militaire de Mamak. La cause prétendue de sa mort fut une défaillance cardiaque. En fait, il fut la victime de tortures systématiques appliquées à la prison de Mamak.

JUIN À JUILLET : Environ 2500 prisonniers politiques sont grève de la faim contre le port de l'uniforme.

4 JUILLET : Un prisonnier politique, maintenu à la prison de type E de Canakkale, décède à l'hôpital d'État de Canakkale. Il ne sentait pas bien depuis longtemps ; mais son traitement fut retardé et ainsi il sera assassiné à la dérobée.

 

1984

JANVIER : Décès d'un prisonnier politique à la prison d'Adana.

8 JANVIER : Un prisonnier politique se suicide pour protester contre la torture systématique et les conditions inhumaines à la prison militaire de Diyarbakir.

23 JANVIER : Un prisonnier politique est battu à mort à la prison militaire de Diyarbakir durant une opération des forces de " sécurité ".

28 JANVIER : Un prisonnier politique se suicide pour protester contre la torture systématique et les inhumaines conditions à la prison militaire de Diyarbakir.

2 MARS : Un prisonnier politique décède à la prison militaire de Diyarbakir.

5 MARS : Un prisonnier politique décède à la prison militaire de Diyarbakir.

6 MARS : Un prisonnier politique décède à la prison militaire de Diyarbakir.

15 MARS : Un prisonnier décède soi-disant à la suite d'une défaillance cardiaque à l'hôpital militaire Gülhane d'Ankara. A l'époque, il était détenu à la prison Mamak.

26 MARS : Un prisonnier décède à la prison Mamak, paraît-il d'une défaillance cardiaque.

1ER AVRIL : Des prisonniers du TIKB et de Devrimci Sol entament une grève de la faim de protestation contre le port obligatoire de l'uniforme et la négation et l'attaque contre les droits basiques des prisonniers. Une partie des grévistes de la faim, cependant, transformera son action en jeûne à mort, comme décidé au début ; continuant l'action jusqu'à ce que leurs demandes soient acceptées. Les 14 et 24 juin 1984, après plus de deux mois de jeûne à mort, quatre prisonniers (Un du TIKB et trois de Devrimci Sol) décèdent à la prison militaire Sagmalcilar d'Istanbul. Leur lutte héroïque fut soutenue par des grèves de la faim de durées variées d'autres prisonniers politiques.

27 AVRIL : Un prisonnier politique décède à la prison militaire de Diyarbakir.

7 JUIN : Un prisonnier politique décède à la prison militaire de Metris.

23 MAI : Un prisonnier politique décède à la prison militaire de Diyarbakir.

JUILLET : Un prisonnier politique décède seulement 25 jours après qu'il eût été libéré. Sa maladie diagnostiquée était une cirrhose, mais il lui avait été refusé un traitement médical en prison.

 

1985

15 AVRIL : Un membre du THKP-C/M-L décède à l'hôpital militaire Haydarpasa d'Istanbul. Il fut mis en détention préventive en décembre 1983. Mais il fut emmené deux fois en interrogatoire de police, torturé, en avril et septembre 1984, lorsqu'il était à la prison militaire Metris d'Istanbul. Le niveau de torture auquel il fut soumis était écrasante, spécialement en avril-mai 1984. Il ne fit aucune déclaration malgré toutes les tortures et défia ouvertement les tortionnaires ; mais il a dû le payer au prix fort. Les tortionnaires avaient presque totalement détruit son corps. Il était dans le coma, quand il fut emmené à l'hôpital militaire Haydarpasa à l'époque. Il partagea le destin de nombreux prisonniers politiques, à qui il était refusé des soins médicaux et qui moururent à la dérobée.

4 MAI : L'ancien maire de Fatsa, ville du nord-est de la Turquie, décède d'une défaillance cardiaque à l'hôpital d'Etat d'Amasya. Homme très aimé et respecté par le peuple et membre de Devrimci Yol, il avait été torturé non seulement lors d'un interrogatoire de police mais aussi en prison. Il fut un de ces prisonniers politiques qui résistèrent aux tentatives des autorités pénitentiaires de le forcer à capituler. Il ne fut pas soigné et décéda.

JUIN : Le colonel en retraite Haluk Aydin, un prisonnier non politique, décéda à la prison militaire de Mamak, soi-disant suite à une défaillance cardiaque.

JUIN : Un prisonnier politique décède à la prison de type E de Bartin.

JUILLET : Un prisonnier politique décède seulement quelques mois après sa libération. Il n'avait pas été soigné et laissé mourir durant les années qu'il passa aux mains du fascisme.

SEPTEMBRE : Un prisonnier politique détenu à la prison Sagmalcilar (ou Bayrampasa) décède. Sa déjà mauvaise santé empira encore plus suite à la torture policière. Pour son traitement, il fut d'abord amené à l'hôpital médical universitaire d'Istanbul beaucoup mieux équipé. Mais il ne fut pas admis dans cet hôpital, à cause d'une interdiction adoptée par les autorités de loi martiale d'Istanbul.

25 OCTOBRE : Un prisonnier politique décède à la prison de type E de Canakkale.

DÉCEMBRE : Un prisonnier politique décède à la prison de Gaziantep.

 

1986

27 JANVIER : Un prisonnier politique décède à la prison Sagmalcilar. Sa santé avait été affectée par la torture à laquelle il avait soumis au Directorat de Sécurité d'Istanbul. Rien ne fut fait pour le soigner et il fut laissé mourir.

FÉVRIER : Un prisonnier politique décède à la prison militaire de Diyarbakir.

14 FÉVRIER : Un prisonnier décède à l'Hôpital Médical Universitaire d'Istanbul après y avoir été amené dans le coma de la prison Sagmalcilar.

20 MARS : Un prisonnier décède à la prison Sagmalcilar.

11 AVRIL : Un prisonnier décède à la prison de Sivas. Des poursuites judiciaires furent déclenchées contre le directeur de la prison et vingt neuf gardiens pour son décès.

25 AVRIL : Un prisonnier politique décède à la prison militaire de Diyarbakir.

20 JUIN : Un prisonnier politique décède à la prison militaire de Diyarbakir, s'étant soi-disant suicidé.

30 DÉCEMBRE : Un prisonnier politique décède à la prison militaire de Gelibolu, soi-disant suite à une défaillance cardiaque.

 

1987

JANVIER : Un prisonnier politique décède à la prison de type E de Canakkale, soi-disant de maladie.

13 MARS : Un membre de Devrimci Yol, décède à l'hôpital Hacettepe d'Ankara. La santé de ce prisonnier, qui était en prison depuis 1975, s'était détériorée spécialement après qu'il ait été torturé par la police en février 1984. Comme il a presque toujours été le cas, ses problèmes rénaux furent laissés sans surveillance et il décéda à la dérobée.

MAI : Un prisonnier politique décède à la prison militaire Mamak.

 

1988

26 JANVIER : Des matons attaquèrent les prisonniers politiques à la prison de type L d'Eskisehir, prétendant que ces derniers essayaient de les empêcher de fouiller leurs dortoirs. Au moins onze détenus furent blessés. L'un d'eux fut gravement blessé, mené à l'hôpital et ramené trois jours après un examen superficiel. 27 prisonniers politiques furent jetés dans des cellules sans porter rien d'autres que leurs sous-vêtements.

JANVIER : Un prisonnier politique, décéda à la prison militaire Kartal d'Istanbul.

9 FÉVRIER : Un membre du PKK, décéda à la prison de Diyarbakir, au onzième jour d'une grève de la faim des prisonniers politiques organisée pour obtenir le droit de parler avec leurs visiteurs en kurde, leur langue maternelle.

17 MAI : Des prisonniers politiques furent enfermés dans leurs dortoirs et laissés pendant quatre jours sans nourriture et sans eau à la prison de type E d'Aydin. L'excuse immédiate pour cette mesure était la découverte d'un tunnel d'évasion creusé par les détenus. Le 21 mai, les matons et des soldats attaquèrent les prisonniers politiques de la prison de type E d'Aydin et les battirent brutalement avec leurs matraques et des gourdins et détruisirent leurs effets personnels. 49 détenus furent blessés, quatre d'entre eux sérieusement et la plupart furent jetés nus dans des cellules. Le 1er juin, 32 prisonniers politiques furent transférés dans d'autres prisons. 280 prisonniers entamèrent une grève de la faim pour protester contre ce traitement inhumain, durant 30 jours.

22 MAI : Des prisonniers politiques qui ont été transférés de la prison de Diyarbakir commencèrent une grève de la faim à la prison de type spéciale de Gaziantep. Cela précipita une attaque des matons et des soldats, durant laquelle 60 prisonniers politiques furent sévèrement battus.

30 SEPTEMBRE : Des matons et des soldats conduits par le directeur Recep Colak attaquèrent les prisonniers politiques à la prison de type E de Bursa pour les forcer à porter l'uniforme pénitentiaire. La plupart des détenus furent frappés et blessés, environ 30 sérieusement. 214 prisonniers politiques commencèrent une grève de la faim pour protester contre la vicieuse agression, après que plusieurs d'entre eux aient été mis en cellules. 60 prisonniers politiques furent transférés à la prison de type E de Canakkale à la suite de l'attaque.

OCTOBRE - NOVEMBRE : Grèves de la faim en protestation contre les tentatives de restreindre les droits durement acquis des prisonniers politiques. Plus de 2000 d'entre eux ont pris part à cette action, laquelle toucha plus de 20 prisons dans toute la Turquie.

22 OCTOBRE : Plus de 2000 soldats et policiers entrèrent dans la prison de Diyarbakir, dans l'intention de chercher des tunnels d'évasion. Cette soi-disant opération de recherche engloba des maisons près de la prison, autour de laquelle des milliers de soldats étaient déployés. Tous les prisonniers politiques furent emmenés dans les cours de la prison et forcés d'attendre là de 15 heures à minuit. Dans le même temps, les dortoirs furent minutieusement fouillés, la plupart des effets personnels des prisonniers politiques pillés et détruits. Le soir du 23 octobre, des milliers de soldats et de policiers entrèrent une fois de plus dans la prison et les détenus furent informés de l'ordre de déportation de vingt de leurs camarades. Devant le refus des prisonniers politiques de laisser leurs camarades être déportés, une attaque haineuse commença. Ceux qui devaient être déportés furent pris de force parmi leurs camarades, des centaines de détenus furent brutalement battus par des milliers de soldats et de policiers. Des officiers de haut rang présidaient personnellement les bastonnades et les tortures qui durèrent des heures. A la fin, vingt prisonniers furent menottés et leurs bouches furent bandées. Ensuite ils furent mis dans des fourgons cellulaires clos, bien que la plupart d'entre eux soient blessés. Au matin du 25 octobre, ils atteignirent la prison spéciale d'Eskisehir. Bien que totalement épuisés et ayant besoin de soins médicaux urgents, ils furent jetés dans des cellules d'isolement et privés de tout contact avec les autres prisonniers politiques.

3 NOVEMBRE : Des matons et des soldats attaquèrent et battirent 33 prisonniers politiques, qui étaient en grève de la faim à la prison d'Adana. Ensuite, les prisonniers politiques furent jetés dans des cellules, où ils continuèrent leur action. Durant le transfert d'un détenu malade, vers l'hôpital, le procureur public d'Adana fit la déclaration révélatrice suivante, divulguant l'attitude du fascisme vis-à-vis des prisonniers politiques : " Je peux consentir à la mort de cinq millions de gens comme vous, pour sauver les 45 millions d'autres "

 

1989

5 MAI : Un tunnel d'évasion fut trouvé par les autorités à la prison spéciale de Sagmalcilar. Les autorités pénitentiaires ne prirent aucune mesure immédiate contre les prisonniers politiques. Mais leurs droits de recevoir leurs avocats, des visiteurs et des lettres furent suspendus. Le 14 mai, 165 d'entre eux furent transférés vers la prison spéciale de Bartindans des fourgons cellulaires surpeuplés et clos sous d'étouffantes conditions, durant lesquelles leurs mains furent menottées d'une manière extrêmement serrée. Les détenus ne furent pas autorisés à se reposer et ne reçurent ni eau ni nourriture durant le long voyage et beaucoup d'entre eux s'évanouirent en chemin. D'autre part, plus de 40 prisonniers politiques furent transférés dans la prison 1 de Sagmalcilar à Istanbul. Ils furent emmenés aussi dans des fourgons cellulaires clos sous d'étouffantes conditions et sans recevoir ni eau ni autre besoin basique pendant près de douze jours. Une fois qu'ils furent mis dans des cellules à la prison 1 de Sagmalcilar, des centaines de soldats sous le commandement du lieutenant-colonel Haydar Aksu les attaquèrent avec des canons à eau, des matraques et des barres de fer et les frappèrent brutalement. Plusieurs prisonniers seront grièvement blessés lors de l'attaque, qui dura plus de six heures. La plupart des effets personnels des détenus furent pillés et détruits et leurs livres confisqués et brûlés.

2 AOÛT : Deux membres du PKK décèdent suite à un étouffement dans des conditions correspondant totalement au fascisme turc. A l'époque, ils furent transférés de la prison spéciale d'Eskisehir vers la prison de type E d'Aydin avec d'autres détenus. Cependant, ce n'était pas un transfert ordinaire de prisonniers politiques d'une prison vers une autre. Ces deux prisonniers et les autres étaient en grève de la faim à Eskisehir pour protester contre la confiscation de leurs droits, après que les autorités de la prison aient découvert un tunnel creusé par les prisonniers politiques. Au 35ème jour de la grève de la faim, il leur fut intimé de préparer leurs effets en une heure. Ensuite ils furent entassés par la force dans des fourgons cellulaires sans fenêtre et dans la chaleur d'août pour un voyage de douze heures vers Aydin, sans recevoir de repos, de ventilation et d'eau. A leur arrivée à la prison de type E d'Aydin, des groupes de soldats et de gardiens brandissant des tuyaux, des gourdins et des matraques les reçurent. Ils étaient déjà morts et les autres dans un état d'inconscience ou de semi inconscience. Cependant, cela n'empêcha pas les voyous fascistes de déshabiller par la force et de battre les prisonniers politiques sans pitié, de leur couper les cheveux et les moustaches et de les jeter dans des cellules sans fournir aucun soin médical.

12 DÉCEMBRE : Un prisonnier politique décédera à la prison d'Agri, soi-disant par suicide.

 

1990

26 FÉVRIER : Un prisonnier détenu dans le dortoir C-8 de la prison de Sagmalcilar, tomba malade et s'évanouit. En dépit d'insistantes demandes des autres détenus, il ne fut pas emmené à l'hôpital d'État de Bayrampasa, adjacent à la prison, pendant 2 heures et demie et décéda.

13 AVRIL : Un prisonnier décède à la prison de Zonguldak.

3 JUIN : Un prisonnier arrêté sous l'accusation de chapardage décède à la prison centrale d'Ulucanlar à Ankara, suite aux tortures qu'il subit. Il fut mis en détention préventive le 1er juin et amené à la prison après l'interrogatoire de police.

7 OCTOBRE : Les autorités transfèrent par la force 95 prisonniers du PKK de la prison n°1 de Diyarbakir vers les prisons de Nazilli, Bartin, Malatya, Aydin, Bursa, Amasya et Canakkale. Des éléments des Équipes Spéciales, des soldats et des policiers attaquèrent les prisonniers politiques qui protestaient contre l'ordre de transfert arbitraire et les battirent chacun de façon indiscriminée. Un grand nombre de détenus furent sévèrement battus et blessés durant l'opération et la plupart de leurs effets personnels détruits.

14 OCTOBRE : Un prisonnier politique décède à la prison spéciale de Ceyhan.

30 OCTOBRE : Des prisonniers politiques de la prison d'Amasya, à qui on refusait le droit de recevoir des visiteurs, protestent contre cette conduite arbitraire des autorités. Là-dessus, ils furent sortis de leurs dortoirs et mis dans des cellules d'isolement. Durant ce confinement d'une semaine en cellules, des soldats et des gardiens battirent et blessèrent plusieurs détenus. Sur ce, les prisonniers politiques commencèrent une grève de la faim.

1ER NOVEMBRE : Un prisonnier décède au 70ème jour de son séjour à la prison de Siirt, suite à une maladie inconnue. C'était une personne en bonne santé quand il entra en prison. Il ne fut pas visité et ne reçut aucun traitement médical et laissé mourir.

DÉCEMBRE : Un prisonnier décède à la prison de Siirt, paraît-il de maladie.

 

1991

12 JANVIER : Un prisonnier décède à la prison de Nevsehir, paraît-il suite à un suicide.

30 JANVIER : Un prisonnier politique décède à la prison Aralik de Kars, paraît-il de maladie.

16 AVRIL : Des soldats armés commandés par un major entrent dans les dortoirs n°A-1, A-2, B-3, C-3 et C-4 de la prison spéciale Ceyhan d'Adana. Les autorités menèrent cette attaque sous le prétexte d'une opération de fouilles régulière, durant laquelle neuf prisonniers politiques furent grièvement blessés. Les effets personnels des détenus seront pillés et détruits durant l'attaque, y compris l'argent, les livres, les montres, les vêtements, la nourriture, etc.

30 OCTOBRE : Des soldats et des gardiens attaquent les prisonniers politiques de la prison Ulucanlar d'Ankara, suite au succès de la tentative d'évasion de deux prisonniers.

2 AU 4 NOVEMBRE : Les autorités turques prirent 213 prisonniers politiques, la plupart d'entre eux par la force, des différentes prisons de Turquie. Ces prisonniers furent transférés à la prison spéciale d'Eskisehir, composée de cellules d'isolement. Comme ils parvenaient à la prison, ils furent reçus par des groupes de soldats et de gardiens spécialement entraînés et préparés, armés de matraques ; tous les prisonniers furent frappés et torturés, rasés de force et jetés dans les cellules, où ils commencèrent une grève de la faim. Plusieurs prisonniers furent blessés suite à la brutale bastonnade de "réception". Lors du raid, la plupart de leurs effets personnels furent aussi détruits, perdus ou confisqués. Une inspection médicale des prisonniers politiques à la prison d'Eskisehir conduite par un panel de quatorze médecins, confirma que plus de 200 d'entre eux avaient été battus et torturés. L'affrontement d'Eskisehir de novembre 1991 fut la première tentative systématique du fascisme turc pour isoler les prisonniers politiques dans des prisons comportant de telles cellules. Cette attaque du fascisme se heurta à une grève de la faim qui s'étendit à la plupart des autres prisons et le força, bien que temporairement, à fermer le "cercueil" d'Eskisehir.

 

1992

20 MARS : Le juge présidant le tribunal ordonna à la police et aux soldats d'attaquer des membres du TDKP/GKB durant une session à la Cour de Sécurité d'État d'Izmir. L'excuse immédiate pour l'attaque se présenta quand les prisonniers politiques tentèrent de lire une déclaration dénonçant le régime fasciste pour le licenciement d'un grand nombre de travailleurs et d'autres crimes. Les agresseurs frappèrent les prisonniers politiques brutalement et en blessèrent plusieurs.

26 AVRIL : Des gardiens et des soldats sous la direction du directeur de la prison attaquèrent dix-neuf prisonniers politiques à la prison de type E d'Elazig et les frappèrent sans pitié. Quelques-uns des détenus seront blessés suite à l'agression.

2 MAI : Un étudiant âgé de quinze ans, dont le nom n'a pas été divulgué, a été trouvé mort dans sa cellule à la prison de Gümüshane. Les autorités alléguèrent que le jeune s'était suicidé après une dépression psychique.

14 SEPTEMBRE : Des centaines de gardiens, de soldats et de policiers attaquèrent les prisonniers politiques à la prison Buca d'Izmir et les frappèrent sauvagement. Les livres des prisonniers furent brûlés et leurs effets personnels pillées. 58 détenus furent blessés dans l'attaque, 18 d'entre eux sérieusement. Les prisonniers commencèrent une grève de la faim suite à l'incident.

18 SEPTEMBRE : Des proches des prisonniers politiques se regroupèrent devant la prison de Buca pour protester contre cette agression. Ils subirent l'attaque de la police et furent battus. Trois personnes furent blessés lors de l'événement. Une action de protestation similaire le 22 septembre rencontra aussi la violence de la police, lorsque celle-ci mit en détention préventive 32 personnes, y compris des avocats et des membres de la branche d'Izmir du IHD.
L'enquête officielle effectuée à cette époque fut bouclée le 2 novembre sans aucune conclusion positive. Elle établit que "les prisonniers eux-mêmes étaient à blâmer pour leurs blessures et les autorités avaient seulement effectué leur travail."

2 OCTOBRE : Les prisonniers politiques de la prison de type E d'Elazig essayèrent d'empêcher un de leurs camarades d'être emmené à un interrogatoire de police, c'est-à-dire torturé, pour la seconde fois. Sur ce, des centaines de soldats et de policiers brandissant des matraques et des gourdins attaquèrent les détenus, les battirent sévèrement et prirent M. Sari de force. Les prisonniers politiques commencèrent une grève de la faim en protestation contre cette brutale agression.

9 NOVEMBRE : Deux prisonniers furent battus et blessés par le directeur et des gardiens à la prison de type E de Cankiri.

17 NOVEMBRE : Un membre du PKK, fut battu et blessé à la prison de type E de Diyarbakir après avoir crié des slogans à la Cour de Sécurité d'État locale, où il fut condamné à mort le même jour.

 

1993

3 JANVIER : Des centaines de soldats attaquèrent les prisonniers politiques à la prison de type E de Diyarbakir. Environ vingt détenus seront blessés, cinq gravement.

9 JANVIER : Plus de mille soldats attaquèrent les prisonniers politiques à la prison de Malatya, qui étaient en protestation contre la confiscation de leurs droits précédemment gagnés et l'insistance des autorités pénitentiaires à effectuer des méthodes humiliantes de fouilles. 62 prisonniers politiques furent blessés, dix d'entre eux sérieusement. Les détenus sérieusement blessés furent emmenés à l'hôpital pour un examen superficiel et bientôt ramenés et jetés dans des cellules d'isolement. Les livres, les vêtements, les médicaments, la nourriture, l'argent, les montres et les autres effets personnels des prisonniers politiques furent soit pillés soit détruits durant l'affrontement.

3 FÉVRIER : Les forces de "sécurité" attaquèrent les prisonniers du PKK à la prison de type E de Diyarbakir, en blessant 25, dont cinq sérieusement.

9 FÉVRIER : Les serviteurs du régime fasciste montèrent à l'attaque des prisonniers politiques de la prison Buca d'Izmir. Plus de vingt détenus seront blessés, quelques-uns sérieusement dans cette attaque qui suivait la découverte d'un tunnel creusé par les prisonniers politiques.

9 FÉVRIER : Des éléments des soi-disant Équipes Spéciales, des commandos et des gardiens conduisirent une attaque haineuse et à large échelle contre les prisonniers politiques de la prison de type E de Diyarbakir, qui étaient en grève de la faim en protestation contre la confiscation de leurs droits durement gagnés. Plus de 200 détenus furent blessés, 69 sérieusement et la plupart de leurs affaires détruites. Ismet Sezgin, le Ministre de l'Intérieur, essaya de défendre l'agression, établissant que "les séparatistes de la prison de type E de Diyarbakir menaient des activités et que cette situation nécessitait l'intervention des forces de sécurité".

25 FÉVRIER : Les prisonniers politiques de la prison de Nevsehir furent agressés. Des soldats et des gardiens, certains avec des masques à gaz, les attaquèrent avec des matraques et des gourdins ; ils frappèrent et torturèrent leurs victimes jusqu'à ce qu'ils soient presque totalement inconscients. 54 prisonniers politiques commencèrent une grève de la faim pour protester contre cette brutale agression. Une partie des détenus frappés et blessés à la prison de Nevsehir furent transférés à la prison de Yozgat, où ils furent immédiatement jetés dans des cellules. Il ne leur fut fourni aucun soin médical et ils furent isolés les uns des autres. Ils continuèrent leur grève de la faim. Des avocats, qui leur rendirent visite, déclarèrent qu'au moins huit prisonniers politiques étaient maintenus dans des cellules en dépit de leur situation difficile.

12 AVRIL : Un prisonnier du PKK décéda durant une grève de la faim à la prison de Mus. Il avait été frappé d'une hémorragie cérébrale au quinzième jour de l'action commencée en protestation contre les politiques répressives du régime fasciste en prison.

22 OCTOBRE : Un prisonnier décédera à la prison de Manisa.

29 NOVEMBRE : Un prisonnier politique décédera à la prison de type E de Diyarbakir.

 

1994
Pour cette année, l'IHD établit que 14.473 personnes ont été mises en détention préventive., 1209 personnes ont été arrêtées, 328 ont été signalées disparues, 292 furent victimes de crimes inexpliqués, 298 furent tuées lors d'exécutions sommaires et sous la torture, environ 5000 furent tuées lors de confrontations armées, 458 furent tuées et 574 blessées lors d'actions visant des civils, plus de 1000 furent torturées et les descentes de police contre les organisations de masse, les associations politiques et les publications furent au nombre de 119.
Pour la période de 1994-1997, l'IHD dénombre 1578 morts et 182 blessés dans des meurtres et attaques inexpliquées, 724 exécutions sommaires et morts en détention préventive, 14267 décès lors de confrontations armées, 958 décès lors d'attaques ciblant des civils, 1267 blessés lors des attaques ciblant des civils, 808 déclarés disparus en détention préventive, 3124 torturés, 76688 mises en détention préventive, 6654 arrestations, 1834 villages et hameaux évacués, 611 sites bombardés, 508 associations, syndicats ou publications fermés, 639 associations, syndicats et publications perquisitionnés, 1180 membres de la presse mis en détention préventive, 466 mis en prison pour leurs opinions.

14 FÉVRIER : Des prisonniers politiques du dortoir n°5 de la prison de Mardin protestent contre une tentative d'emmener un de leurs camarades, une fois de plus à un interrogatoire de police, c'est-à-dire à la torture. Sur ce, le dortoir n°5 est attaqué par des soldats et des gardiens, armés de gourdins et de matraques. 18 détenus sont blessés à la suite de l'attaque.

22 FÉVRIER : Des gardiens et des soldats lancent une attaque contre les prisonniers du PKK à la prison de type D de Diyarbakir. 25 prisonniers sont blessés.

30 FÉVRIER : Décès d'un prisonnier politique à la prison de Cankiri.

11 AVRIL : Décès d'un prisonnier politique à la prison de Gaziantep.

29 AVRIL : Des gardiens et des soldats attaquent les prisonniers politiques et leurs proches durant une visite à la prison de Buca. 85 détenus et des douzaines de membres de la "sécurité" furent blessés lors de l'affrontement. Il y a même un bébé de deux ans parmi les blessés.

3 MAI : Des prisonniers politiques de la prison de Kayseri protestent contre la hausse des prix. Les autorités de la prison prirent prétexte de cet incident pour conduire une opération contre les détenus. Aussi, ils furent brutalement battus par des soldats et des gardiens, qui entrèrent de force dans les dortoirs. Dix prisonniers politiques furent blessés.

30 JUIN : Quatorze prisonniers politiques sont blessés à la prison de type E d'Aydin suite à une attaque montée par les gardiens conduits par le directeur.

15 JUILLET : Des soldats, qui montaient une opération, frappèrent les prisonniers politiques des 3ème et 6ème dortoirs de la prison de type E de Malatya. 40 prisonniers politiques furent blessés, neuf sérieusement durant l'opération conduite sous la supervision de Sefik Gül, le procureur de la prison.

19 AOÛT : Des gardiens et des soldats perquisitionnent le dortoir n°5 de la prison centrale d'Ankara. Le prétexte immédiat de cette attaque était le refus des prisonniers politiques de laisser trois de leurs camarades être emmenés vers une autre prison pour un isolement punitif. Seize détenus et un gardien furent blessés dans l'incident.

3 SEPTEMBRE : Des gardiens et des soldats attaquent les prisonnières politiques de la prison de type E de Konya et les frappèrent avec des gourdins, des matraques et des tuyaux. Quatre d'entre elles furent blessées dans l'opération.

8 SEPTEMBRE : Des forces de "sécurité", brandissant des matraques et des gourdins, attaquent les dortoirs de la prison de type E d'Elazig, où 400 prisonniers politiques avaient débuté une grève de la faim. 35 des prisonniers politiques brutalement frappés furent conduits à des cellules d'isolement, à la fin de l'opération.

11 SEPTEMBRE : Un prisonnier politique décède à la prison de type E de Diyarbakir.

3 OCTOBRE : Un prisonnier politique à la prison spéciale de Ceyhan décède d'une crise cardiaque. Comme lors de cas similaires, c'était le résultat du refus systématique de traitement médical convenable.

4 OCTOBRE : Les autorités conduisent une "opération de sécurité" contre les prisonniers politiques de la prison de type E de Diyarbakir, qui essayaient d'empêcher un de leurs camarades d'être emmené pour la seconde fois à la police pour interrogatoire, c'est-à-dire à la torture. L'attaque dura un jour entier. A la suite de cette agression, un prisonnier a été tué et plus de cinquante autres blessés, quelques-uns par balles. Le 5 octobre, une partie des prisonniers politiques furent transférés de force vers la prison de type E de Gaziantep, sans qu'il leur soit donné le moindre traitement médical rudimentaire.

10 OCTOBRE : Dix prisonniers politiques de la prison de Sagmalcilar sont emmenés à la Cour de Sécurité d'État d'Istanbul. Les soldats les battent, brutalement devant les juges, sous le prétexte de fouilles corporelles et après les ramènent sans les laisser assister au procès.

27 OCTOBRE : Des soldats attaquent des prisonniers politiques à la prison spéciale de Bursa et les frappent. Quatre détenus furent blessés à la suite du raid.

4 DÉCEMBRE : Les gardiens frappent et torturent sept prisonniers politiques, qui furent transférés de la prison de Diyarbakir vers la prison d'Urfa et les mirent dans des cellules d'isolement.

6 DÉCEMBRE : Suite à une opération menée par des soldats, sous la supervision du directeur de la prison, 25 prisonniers politiques sont blessés à la prison de Konya.

14 DÉCEMBRE : Des soldats et des gardiens de la prison spéciale de Bursa lancent une attaque contre les prisonniers politiques dans une tentative pour confisquer leurs drapeaux et symboles politiques. Plusieurs des détenus qui résistaient à cette tentative furent blessés durant la première attaque. La résistance des prisonniers politiques qui s'étaient barricadés dans leurs dortoirs continua les 15 et 16 décembre. Les serviteurs du régime fasciste montèrent une seconde attaque le 16 décembre et abattirent les murs des dortoirs, où les prisonniers politiques s'étaient barricadés. Un grand nombre de détenus furent blessés lors du second round de l'opération. Les blessés furent mis de force dans des fourgons cellulaires et envoyés dans les prisons de Amasya, Yozgat et Bartin, où ils furent reçus avec l'habituelle "bastonnade de bienvenue" et jetés dans des cellules.

17 DÉCEMBRE : Plusieurs détenus sont blessés à la prison Ulucanlar d'Ankara durant un affrontement entre les forces de "sécurité" et les prisonniers politiques, qui protestaient et essayaient d'empêcher l'exécution d'une arbitraire opération de fouilles.

 

1995

20 JANVIER : Süleyman Ongun décéda à la prison spéciale de Gaziantep suite aux blessures qui lui avaient été infligées auparavant. Il était un des prisonniers politiques sérieusement blessés lors de l'attaque de la prison de type E de Diyarbakir en octobre 1994. Ici, les prisonniers politiques récemment arrivés ne reçurent aucun traitement médical, ce qui conduisit à la détérioration de leur santé déjà ruinée. Les prisonniers ne reçurent pas d'eau pendant quelques temps à Gaziantep, aussi furent-ils obligés de boire leur propre urine.

25 JANVIER : Trois prisonniers politiques furent transférés de la prison spéciale d'Erzurum et de la prison de type E d'Erzurum vers la prison spéciale de Bartin. Ils décrivirent les conditions horribles des deux prisons susmentionnées et en appelèrent à l'opinion publique progressiste pour une action urgente sur la situation des prisonniers politiques. Voici un résumé de la lettre qu'ils envoyèrent à la presse progressiste :
"Le 15 août 1994, des soldats, des commandos, des éléments des Équipes Spéciales et des gardiens brandissant des chaînes, des barres de fer, des gourdins nous attaquèrent et nous battirent brutalement et torturèrent tous les prisonniers politiques. La plupart d'entre nous perdirent conscience suite à l'agression et tous nous fûmes jetés dans des cellules. Nos affaires, y compris les vêtements, les livres, les journaux, les radios, les photos furent détruites et rendues inutilisables. A partir de cette date, les prisonniers politiques furent forcés à avouer et à déserter sous la torture systématique. Ceux qui résistèrent furent emmenés aux bains de la prison et forcés à endurer diverses formes de torture, tel que la traditionnelle falaka turque (bastonnade sur les plantes de pieds avec des matraques), application de courant électrique sur différentes parties du corps, reptation forcée sur le sol en ciment sans vêtement, aspergés d'eau froide, etc. La plupart des prisonniers politiques furent isolés les uns des autres et mis dans des cellules. Ceux qui allaient au tribunal ou à l'hôpital étaient régulièrement torturés à leur rentrée à la prison. Des détenus, qui étaient physiquement atteints suite aux tortures ne furent pas soignés et laissés mourir. Il y eut un nombre inconnu de prisonniers politiques qui tentèrent de se suicider. Selami Zor est décédé en se pendant le 30 août 1994. Les autorités pénitentiaires essayèrent de porter le blâme de sa mort sur ses camarades ; ils torturèrent Erdal Bektas, Nurullah Koç et Servan Ahmet pour leur faire accepter la responsabilité de la mort de Zor. Plus tard, Arap Köseoglu essaya aussi de se pendre, mais fut sauvé quand la corde se brisa, le blessant au cou en permanence suite à la tentative. Ismet Orhan s'immola, mais ne mourut pas. Après, il fut déclaré fou et fut envoyé dans un asile à Elazig, en dépit du fait que son corps soit à moitié brûlé et il ne fut pas soigné. Abdullah Kaya essaya de s'étrangler lui-même en utilisant son uniforme de détenu, mais fut sauvé et gravement blessé dans la tentative. Ceux qui s'engagèrent dans une grève de la faim pour protester contre ces atrocités furent forcés d'arrêter l'action par la torture." (110) La situation critique des prisonniers politiques dans ces deux prisons infernales d'Erzurum continuera les années suivantes ; mais la résistance des prisonniers politiques se poursuivit elle aussi.

1ER MARS : Des soldats et des gardiens attaquèrent les prisonniers politiques de la prison Buca d'Izmir, quand ils furent emmenés au tribunal. Plus tard ils attaquèrent les dortoirs, sous le prétexte de chercher du matériel interdit. 53 détenus furent brutalement battus et un grand nombre gravement blessés dans l'attaque et la plupart de leurs effets personnels furent pillés et détruits.

21 MARS : 27 prisonniers politiques de la prison de type E de Yozgat commencèrent une grève de la faim. La raison de cette action fut la confiscation des droits des détenus et l'intensification de la répression des autorités pénitentiaires à la suite de la découverte d'un tunnel d'évasion à la fin de février. Des gardiens et des soldats attaquèrent les prisonniers politiques en grève de la faim et les frappèrent brutalement, trois d'entre eux furent blessés.

4 AVRIL : Des soldats attaquèrent les prisonniers politiques qui commémoraient un événement révolutionnaire durant une visite à la prison de type E d'Adana. Vingt d'entre eux furent blessés et jetés dans des cellules d'isolement. Les détenus, y compris le blessé grave, n'eurent aucun traitement médical et commencèrent une grève de la faim pour protester contre cet acte sauvage des autorités pénitentiaires.

14 AVRIL : Des soldats et des éléments des Équipes Spéciales attaquèrent les prisonniers politiques à la prison d'Adiyaman, qui étaient en grève de la faim contre la confiscation de leurs droits. Trois détenus furent blessés.

14 AVRIL : Plus de soixante prisonniers politiques furent blessés suite à une opération montée par des soldats armés de gourdins et de matraques, trois d'entre eux sérieusement, à la prison de Mus. La plupart des détenus furent transférés dans d'autres prisons après l'attaque.

28 AVRIL : Un sympathisant du PKK décéda à la prison Buca. Il était un des prisonniers politiques à qui il avait été refusé un traitement médical, en dépit du fait qu'il souffrait d'un mal au cœur continu et de problèmes cardiaques. Il a eu une crise cardiaque environ 1 heure 30 avant son décès, mais ne fut pas emmené à l'hôpital sous le prétexte qu'il y avait une fouille du dortoir en cours.

4 MAI : Des gardiens et des soldats armés de barres de fer et de matraques montèrent une attaque contre les prisonniers politiques des 10 et 11ème dortoirs de la prison d'Elbistan. Douze détenus seront blessés, deux d'entre eux sérieusement.

6 MAI : Plusieurs prisonniers politiques qui en étaient au 23ème jour de leur grève de la faim et de leur jeûne à mort à la prison de type E de Batman furent blessés suite à une attaque des forces de "sécurité". Durant l'opération, 21 prisonniers politiques, y compris douze en jeûne de la mort, furent pris de force dans leurs dortoirs et envoyés à la prison de Gaziantep. Des gardiens les frappèrent à l'entrée de la prison et les mirent dans des cellules d'isolement. Les familles extrêmement inquiètes informèrent l'opinion publique sur la détérioration de la santé d'au moins quatre prisonniers politiques.

15 JUIN : Un prisonnier politique décédera à la prison de type E de Diyarbakir.

25 JUIN : Un prisonnier politique décédera à la prison de Batman.

27 JUIN : Des soldats et des gardiens menés par M. Hüseyin Sebekoglu, un des directeurs, attaquèrent les prisonniers politiques et leurs visiteurs durant un parloir à la prison de type E d'Aydin. 17 visiteurs et 22 prisonniers politiques seront blessés à la suite de cette opération.

29 JUIN : Des soldats et des gardiens brandissant des barres de fer et des matraques attaquèrent les prisonniers politiques de la prison Ulucanlar d'Ankara. 36 détenus furent blessés, deux d'entre eux sérieusement.

30 JUIN : Quelques anciens prisonniers politiques qui avaient trahi leurs camarades et désertés pour le régime fasciste, attaquèrent des prisonniers politiques des 33ème et 36ème dortoirs de la prison de Diyarbakir. Plusieurs prisonniers politiques furent blessés dans l'affrontement qui s'ensuivit par ces traîtres armés de chaînes, de matraques et de gourdins, qui étaient incités et dirigés par les autorités pénitentiaires et soutenus par un contingent de gardiens.

JUILLET - AOÛT : Grève de la faim, conduite par près de 10.000 prisonniers du PKK, en protestation contre la sale guerre que les militaires turcs menaient contre le peuple kurde. Les grévistes réclamaient une paix juste et la fin des hostilités.

23 JUILLET : Un membre du PKK décéda durant une grève de la faim à la prison de Yozgat. Les autorités de la prison ont refusé de l'emmener à l'hôpital, en dépit de la détérioration de son état de santé.

12 AOÛT : Un membre du PKK décéda à la prison d'Amasya au 30ème jour de sa grève de la faim. Il a été blessé durant une attaque homicide menée à la prison de type E de Diyarbakir le 4 octobre 1994, a eu un problème cardiaque et des saignements d'estomac, mais on lui refusa tout traitement médical.

8 SEPTEMBRE : Des soldats et des gardiens montèrent une attaque contre les prisonniers du PKK à la prison de type E d'Elazig. 65 prisonniers furent blessés, l'un d'eux sérieusement. Les détenus commencèrent une grève de la faim et refusèrent d'assister aux audiences des tribunaux pour protester contre l'agression.

21 SEPTEMBRE : Trois prisonniers du DHKP-C furent tués à la prison Buca d'Izmir suite à l'attaque des 6ème et 7ème dortoirs par la police et les soldats. Plus de 80 détenus furent blessés, 38 sérieusement. Les meurtriers attaquèrent les prisonniers en brandissant des chaînes, des barres de fer et des fusils. Une active résistance des prisonniers politiques empêcha plus de morts. Dans leur rapport préparé après cet infernale attaque, les autorités pénitentiaires nièrent leur responsabilité pour les morts et allégua que les trois prisonniers politiques s'étaient tués eux-mêmes en tombant sur le sol cimenté de la prison ! En outre, les autorités commencèrent une enquête officielle dans une tentative pour faire porter la responsabilité des événements du 21 septembre sur les prisonniers politiques. Non seulement l'atrocité, mais aussi l'hypocrisie du fascisme turc ne connaît aucune limite. Le massacre de Buca fut suivie d'une grève de la faim de solidarité des prisonniers politiques dans 23 prisons, ce qui signifia une claque dans le visage du fascisme turc.

8 OCTOBRE : Des soldats et des gardiens attaquèrent une fois de plus les prisonniers du PKK à la prison de type E d'Elazig. Plusieurs prisonniers furent sérieusement blessés et leurs affaires pillées et détruites durant l'opération.

10 NOVEMBRE : 35 prisonniers politiques furent transférés de la prison d'Umraniye vers la prison de Sagmalcilar, après que l'un d'entre eux eût été brutalement frappé par des soldats.

14 NOVEMBRE : Des gardiens, des soldats et des éléments des Équipes Spéciales conduits par le directeur Mete Erdem, menèrent un raid contre les prisonniers politiques de la prison spéciale d'Erzurum. Plusieurs seront blessés durant l'affrontement, dont un gravement.

16 NOVEMBRE : Des soldats frappèrent brutalement huit prisonniers politiques, qui étaient emmenés au tribunal de la prison de Malatya. Les détenus furent attaqués et battus pour la seconde fois par les gardiens à leur retour du tribunal.

16 NOVEMBRE : Des soldats essayèrent de s'emparer des drapeaux, des photos et autres symboles appartenant aux prisonniers politiques à la prison de Bursa. Ayant été repoussés, ils revinrent en force et montèrent une attaque contre les dortoirs du bloc F. Deux détenus furent sérieusement blessés durant la première vague de l'attaque. Les prisonniers politiques organisèrent la résistance, érigèrent des barricades dans différentes sections de la prison et repoussèrent les agresseurs. Un grand nombre de soldats furent blessés et les autorités pénitentiaires abandonnèrent leur prétention ; plus tard les prisonniers politiques enlevèrent les barricades quand on leur promit que les soldats ne participeraient plus aux fouilles régulières.

24 NOVEMBRE : Un prisonnier du DHKP-C décéda à la prison d'Aydin à cause d'un refus de traitement médical.

27 NOVEMBRE : Un prisonnier politique décéda à la prison de Buca d'Izmir suite à une infection intestinale, qui ne fut pas soignée.

15 DÉCEMBRE : Des gardiens, des policiers et des soldats montèrent une attaque de grande ampleur contre les prisonniers politiques de la prison Umraniye d'Istanbul. Plus de cinquante prisonniers politiques furent blessés suite à l'attaque haineuse des serviteurs du régime fasciste, utilisant des armes à feu, des gaz lacrymogènes et des barres de fer. Un autre massacre fut évité seulement grâce à l'active résistance des détenus, qui immédiatement érigèrent des barricades et résistèrent courageusement.

30 DÉCEMBRE : Mustafa Kaya, un prisonnier politique de la prison de Bursa, ne fut pas soigné et quasi intentionnellement laissé mourir. Le 28 décembre, c'est au 46ème jour d'une grève de la faim que lui et Ayhan Bingöl, un autre patient malade, furent emmenés à l'hôpital d'état de Bursa. Ils furent menottés ensemble et mis dans un fourgon cellulaire mal ventilé. M. Bingöl témoignera plus tard du fait que les docteurs ne s'occupèrent pas de M. Kaya en dépit du fait qu'il vomissait et ne pouvait tenir debout sur ses jambes. Le docteur Mustafa Güner, le médecin de service, ne prit même pas la peine d'ouvrir les menottes de M. Kaya et ordonna aux deux patients de retourner en prison. Après son retour, M. Kaya souffrait d'une paralysie partielle et fut envoyé de nouveau vers le même hôpital. On lui refusa tout soin et il revint à la prison. Sur ce, le docteur de la prison lui-même emmena M. Kara à l'hôpital d'état de Bursa. Mais c'était déjà trop tard et le patient décéda le 31 décembre 1995.

 

1996

Pour l'année 1996, l'IHD dénombre 78 personnes victimes de crimes inexpliqués, 190 d'exécutions sommaires et de torture, 2859 tués lors de confrontations armées, 119 tués lors d'attaques contre des civils, 194 disparitions en détention préventive, 20.134 mises en détention préventive, 2017 arrestations, 68 villages évacués de force et 109 sites bombardés. Le rapport donna le nombre de 132 associations, de syndicats et de publications fermés et de 134 institutions de ce type visées par des perquisitions.

1ER JANVIER : Un prisonnier politique décéda à la prison Ulucanlar d'Ankara, suite à une maladie qui ne fut pas soignée.

3 JANVIER : Un prisonnier politique décéda seulement trois jours après sa libération de la prison Sagmalcilar d'Istanbul. Sa santé s'était détériorée à la prison de Canakkale. Il avait en vain essayé d'obtenir son transfert vers la prison Sagmalcilar d'Istanbul, où il serait possible de soigner le cancer de la prostate qui lentement envahissait son corps. Cette demande fut rejetée à plusieurs reprises. A la fin, il fut libéré de la prison de Canakkale suite aux efforts soutenus de sa famille et de ses avocats, mais seulement pour mourir parmi ses êtres chers.

4 JANVIER : Des gardiens, des soldats et des éléments des Équipes Spéciales attaquèrent les prisonniers politiques de la prison Umraniye d'Istanbul. Trois prisonniers politiques furent tués et 56 autres blessés, cinq sérieusement. Le nombre de morts monta à quatre quand, le 8 janvier, un autre prisonnier politique sérieusement blessé (Gültekin Beyhan) décéda à l'hôpital. Le massacre de la prison Umraniye déclencha diverses actions de protestation et de solidarité des prisonniers politiques dans une série de prisons turques, y compris Sakarya, Yozgat, Kayseri, Cankiri, Buca, Bartin, Ankara, Konya, Canakkale, Bursa, Malatya, qui durèrent du 5 au 10 janvier. Les atrocités du régime fasciste turc et de ses comparses furent dénoncées par des grèves de la faim, des barricades et des refus d'assister aux appels, etc.
Des milliers de policiers attaquèrent mille personnes, y compris des enfants, des femmes et des personnes âgées, qui participaient aux funérailles des martyrs du massacre d'Umraniye. Des centaines de personnes furent mises en garde à vue, entassées dans la salle des sports d'Eyüp et battues d'une façon indiscriminée et brutalement, le 8 janvier 1996 dans le district Alibeyköy d'Istanbul. Durant cette attaque haineuse, la police cibla spécifiquement certains journalistes progressistes. L'un d'eux, Metin Göktepe, correspondant du journal 'Evrensel", fut battu à mort. Le meurtre de Mertin Göktepe déclencha une grande vague d'indignation contre le fascisme turc. Plus de 10.000 personnes assistèrent à ses funérailles le 11 janvier 1996 et condamnèrent les crimes du fascisme turc.

5 FÉVRIER : Un prisonnier politique décéda à la prison de Konya, paraît-il de suicide.

16 FÉVRIER : Un prisonnier politique décéda à la prison de Midyat.

5 MARS : Des soldats et des gardiens montèrent une attaque contre les prisonniers politiques de la prison d'Elbistan suite à une querelle. Trois détenus furent sévèrement battus et blessés dans l'événement.

4 AVRIL : Des gardiens attaquèrent des prisonniers politiques à la prison de type E d'Elazig. Six détenus furent blessés, deux d'entre eux sérieusement.

4 AVRIL : Des soldats attaquèrent des prisonniers politiques lors d'une audience à la Cour de Sécurité d'État de Diyarbakir. Six détenus furent sévèrement battus et blessés.

22 AVRIL : Un prisonnier politique décéda à la prison Ulucanlar d'Ankara.

MAI À AOÛT : Grève de la faim à laquelle participèrent 1500 prisonniers politiques dans 33 prisons.

24 MAI : Des gardiens de la prison spéciale d'Eskisehir attaquèrent les prisonniers politiques et les frappèrent sévèrement. Sept prisonniers politiques furent blessés. Cette agression des voyous du fascisme turc était le fruit direct des circulaires des 6, 8 et 10 mai du gouvernement et du ministre de la "Justice" Mehmet Agar, un ancien chef de police directement responsable pour l'exécution de douzaines de militants révolutionnaires et un sale guerrier de la Contre-guérilla turc. En accord avec ces circulaires, la prison d'Eskisehir et d'autres similaires de sécurité maximum composées de cellules d'isolement furent ouvertes une fois de plus et des préparatifs commencèrent pour envoyer les prisonniers politiques dans ces bagnes. Les prisonniers politiques de toute la Turquie et du Kurdistan réagirent avec une grève générale de la faim contre ces circulaires symbolisant une nouvelle vague d'assaut contre leur dignité et leurs droits durement gagnés.

20 MAI : Plus de 1500 prisonniers politiques de 33 prisons en Turquie et au Kurdistan commencèrent une grève de la faim qui dura 69 jours. Le but de cette action était de protester contre les plans de transfert des prisonniers politiques vers des prisons de maximum sécurité et d'isolement total et la détérioration des conditions dans les bagnes turcs. Ce fameux et massif exemple de luttes dans les prisons détermina le caractère politique de la période mai-juillet 1996 en Turquie. Le 3 juillet, au 45ème jour de l'action, 161 des grévistes transformèrent leur action en jeûne de la mort et le reste continua la grève de la faim. Douze prisonniers politiques périrent en martyr entre le 21 et le 28 juillet et des douzaines de combattants restèrent avec des blessures et des complications physiques et mentales permanentes. L'action prit fin le 28 juillet quand le régime fasciste accepta avec rancœur la défaite et accorda la plupart des demandes des prisonniers politiques. Soutenus non seulement par les "Mères du Samedi" et les proches des prisonniers politiques, mais aussi par le peuple progressiste de toute la Turquie et au-delà, le jeûne de la mort de mai-juillet 1996 et la grève de la faim illimitée portèrent un dur coup au régime fasciste turc et laissèrent nu son visage brutal et inhumain face à l'opinion publique progressiste mondiale une fois de plus.

29 MAI : Des centaines d'éléments des Équipes Spéciales, des soldats et des gardiens attaquèrent 82 prisonniers du PKK à la prison de Diyarbakir, qui en étaient à leur 35ème jour de grève de la faim pour protester contre la répression des autorités et la confiscation de leurs droits durement acquis. Chantant des slogans réactionnaires et des marches chauvines, les agresseurs tirèrent les grévistes épuisés de leurs lits, les frappèrent sans pitié et en blessèrent plusieurs. Deux détenus, qui s'immolèrent en protestation contre l'opération, furent sérieusement blessés. Dix-neuf prisonniers, dont la santé était dans une situation critique, furent emmenés à l'hôpital d'état de Diyarbakir et restèrent enchaînés à leur lit. Dix-sept des détenus blessés furent plus tard envoyés à la prison de Gaziantep sans qu'aucun soin médical ne leur soit fourni.

2 JUIN : Cinq prisonniers avec des sympathies de gauche qui ont commencé une grève de la faim en soutien au jeune de la mort et à la grève de la faim des 1500 prisonniers politiques de 33 prisons, furent tués et deux blessés à la prison d'Usak. Le meurtre fut commis par un gang de fascistes criminels mené par Ibrahim Cici et incité en coulisses par l'administration pénitentiaire. Les victimes qui ont été tuées quand les meurtriers leur tranchèrent la gorge avaient demandé depuis longtemps leur transfert dans une autre prison, affirmant qu'ils étaient menacés.

29 JUIN : Vingt-deux prisonniers politiques furent transférés de force vers la prison spéciale d'Erzurum pour briser une grève de la faim en cours, qui en était à son 43ème jour. Des soldats et des gardiens les frappèrent, les torturèrent et les jetèrent dans des cellules, où ils durent endurer d'autres bastonnades et tortures.

3 JUILLET : Les autorités pénitentiaires essayèrent d'éloigner deux prisonniers de leurs dortoirs à la prison de type E de Batman. Devant le refus des détenus, des soldats et des gardiens montèrent une attaque contre les prisonniers politiques et les frappèrent sévèrement avec des matraques et les canons des fusils. Plusieurs détenus furent sérieusement blessés suite à l'attaque et quelques-uns emmenés à l'hôpital.

5 AOÛT : Vingt prisonniers politiques furent lourdement torturés pendant cinq heures lors de leur entrée à la prison de Diyarbakir par des soldats et forcés d'avouer et de travailler pour les autorités, juste après qu'ils furent amenés d'un interrogatoire de police. Parmi eux il y avait Selim Bingöl, un guérillero blessé qui a perdu ses yeux. En entendant cela, les prisonniers politiques protestèrent contre cet outrage en criant des slogans. Le jour suivant, des centaines de soldats, menés par le procureur de la prison et le directeur, envahirent les dortoirs, frappèrent sévèrement les détenus et détruisirent la plupart de leurs effets personnels.

25 AOÛT : Un prisonnier décéda à la prison Sagmalcilar d'Istanbul, paraît-il par suicide.

29 AOÛT : Des soldats tirèrent une salve par-dessus la tête de 85 prisonniers politiques, qui venaient juste d'être transférés de la prison spéciale d'Eskisehir à la prison Umraniye d'Istanbul. Le tir fut un signal pour la " bastonnade de bienvenue " que les prisonniers politiques attendant dans des fourgons cellulaires reçurent un petit peu plus tard. Des groupes de gardiens et de soldats spécialement préparés attaquèrent les prisonniers politiques dès qu'ils eurent quitté les fourgons. Ils furent brutalement frappés et jetés dans des cellules, sans même recevoir le moindre traitement médical.

30 AOÛT : Yunus Yaman du PKK décéda à l'hôpital Numune d'Ankara. Il avait été si lourdement torturé après avoir été appréhendé en mai 1996 qu'il avait dû rester à l'hôpital d'État d'Elazig pendant trois mois. Plus tard, il fut transféré à l'hôpital Numune d'Ankara et de là à la prison Ulucanlar d'Ankara. Suite à une négligence intentionnelle des docteurs, qui eux-mêmes étaient sous la pression des autorités, M. Yaman décéda trois mois après sa capture.

17 SEPTEMBRE : Dix prisonniers du MLKP furent transférés de la prison d'Iskenderun vers la prison de Malatya. Ils furent jetés dans des cellules d'isolement et sévèrement battus par des soldats et des gardiens. Le même jour, trois proches des détenus torturés qui attendaient devant la prison de Malatya pour écouter leurs êtres chers et montrer leur solidarité, reçurent leur part "équitable". Ils furent mis en détention préventive, torturés et plus tard relâchés.

24 SEPTEMBRE : Dix prisonniers du PKK furent massacrés à la prison de type E de Diyarbakir suite à une attaque planifiée des voyous du régime fasciste, y compris des éléments des Équipes Spéciales, des gendarmes et des gardiens. Ils étaient armés de barres de fer, de matraques en bois et d'armes à feu et étaient décidé à tuer au moins plusieurs prisonniers. La plupart des martyrs et des blessés ont reçu de lourds coups presque exclusivement sur la tête ; un fait qui prouvait définitivement l'intention homicide des forces de "sécurité" qui menèrent l'attaque. Mains et pieds enchaînés, vingt-cinq prisonniers politiques blessés furent transférés vers la prison spéciale de Gazantiep immédiatement après le massacre sans avoir reçu le moindre soin médical rudimentaire. En plus, ils furent battus et torturés durant le voyage. Il apparut plus tard que le procureur public de Diyarbakir avait notifié aux docteurs de l'hôpital d'état bien avant l'attaque et leur avait déclaré d'être prêts à recevoir un grand nombre de morts et de blessés ! Le fascisme turc avait planifié de se venger de sa défaite de mai-juillet 1996 lors du jeûne à mort, en attaquant la prison de Diyarbakir. Le massacre fut dénoncé par une grève générale de la faim de trois jours de 11.500 prisonniers politiques qui commença le 27 septembre. Pour cacher leur crime, les fascistes turcs chargèrent la Commission Parlementaire des Droits de l'Homme d'enquêter. Le rapport de 16 pages de la Commission publié plus tard confirmait l'intention meurtrière des agresseurs. Dans ce rapport, il était explicitement dit que les morts furent "causées par trente soldats et trente-huit policiers qui avaient outrepassé la limite de leur autorité dans la répression de la rébellion." Le rapport établissait aussi que les forces de "sécurité" avaient battu à mort un prisonnier politique et lourdement blessé deux autres lors de leur transfert à la prison de Gaziantep. Un article publié le 31 octobre 2000 dans le "Milliyet" résumait la nature du système juridique en Turquie. Quatre ans après, le procès des soldats et des policiers qui avaient activement pris part au massacre de la prison de Diyarbakir en septembre 1996, était encore loin d'être achevé.

28 SEPTEMBRE : Deux prisonniers du PKK s'immolèrent pour protester contre le massacre de la prison de Diyarbakir. Le même jour, l'un d'eux décéda à l'hôpital universitaire médical de Cerrahpasa à Istanbul. Le second décéda aussi à cet hôpital, le 10 octobre 1996.

21 OCTOBRE : Des criminels de droit commun avec des connexions MHP et armés de fusils attaquèrent d'autres droits communs avec des sympathies de gauche dans le dortoir B-9 de la prison de Sagmalcilar et tuèrent Ilhami Yilmaz. Dans son rapport sur l'incident, la branche d'Istanbul du IHD accusa les autorités pénitentiaires de complicité dans le meurtre de m. Yilmaz pour n'avoir pris aucune mesure pour empêcher l'attaque attendue et en laissant ouvertes les portes entre les différentes sections de la prison.

22 OCTOBRE : Un prisonnier politique décéda à la prison Ulucanlar d'Ankara.

2 NOVEMBRE : Deux prisonniers du PKK qui avaient été logés dans un dortoir assigné aux déserteurs et aux "indépendants" contre leur volonté, demandèrent à être transférés dans les dortoirs de leurs camarades durant leur procès à la Cour de Sécurité d'état de Diyarbakir. Le juge la présidant accéda à leur demande ; mais les soldats montèrent une attaque contre ces deux prisonniers et huit autres prisonniers du PKK à la fin de l'audience et les frappèrent sévèrement, tandis qu'ils répondaient en criant des slogans.

23 NOVEMBRE : Deux prisonniers du PKK qui étaient détenus à la prison de Zile, furent tués par les forces de "sécurité". Ils furent emmenés à l'hôpital d'état de Tokat pour un examen de santé et tués dans l'hôpital par des soldats sous le prétexte d'une tentative d'évasion.

 

1997

8 JANVIER : Un sympathisant du PKK qui a passé neuf années en prison, décéda d'un cancer à Istanbul. Il fut relâché avant la fin de décembre 1996 et mourut deux semaines plus tard.

15 JANVIER : Polat Iyit, qui a contracté un cancer des poumons et du cerveau alors qu'il était en prison, décéda à la prison de Sagmalcilar. Membre du TKP/M-L et vétéran du jeûne à mort de 69 jours, il ne fut jamais soigné, ni relâché en dépit d'appels répétés de sa famille et de ses avocats.

21 ET 22 JANVIER : Trois prisonnières politiques à la prison de type E d'Usak furent blessées lorsque des soldats et des gardiens menèrent un raid contre leur dortoir.

17 FÉVRIER : Un prisonnier politique décéda à la prison spéciale de Ceyhan, suite à un refus de traitement médical.

25 FÉVRIER : La police anti-émeutes, des éléments des Équipes Spéciales et des soldats attaquèrent les prisonniers politiques de la prison de type E de Konya. Les autorités arguèrent qu'ils avaient découvert un tunnel d'évasion de 28 mètres de long creusé sous les dortoirs n° C-5 et C-14. Deux prisonniers et trois prisonnières politiques furent blessés suite à l'attaque et 48 jetés dans des cellules.

26 FÉVRIER : Des soldats et des gardiens attaquèrent les prisonniers politiques de la prison de Konya prétextant la découverte d'un tunnel. Des dizaines de prisonniers furent blessés dans l'attaque et jetés en cellules.

27 FÉVRIER : Cinq prisonnières politiques furent blessées durant un affrontement avec des gardiens et des soldats à la prison de type E d'Usak. La raison immédiate derrière l'attaque était une tentative des autorités pénitentiaires de saisir les drapeaux et les affiches accrochés aux murs du dortoir où étaient les détenues.

5 MARS : Il y eut une querelle entre une partie des prisonniers politiques qui étaient logés dans le dortoir n°5 appelés le "dortoir des indépendants" et les gardiens de la prison de type E d'Elbistan. Les résidents du dortoir n°5 voulaient être transférés dans des dortoirs réguliers où étaient les prisonniers politiques. A la suite de la querelle, un grand nombre de gardiens attaquèrent trente détenus du dortoir des "indépendants". Sept gardiens et presque tous les détenus du dortoir n°5 furent blessés durant l'affrontement, trois d'entre eux sérieusement et jetés dans des cellules d'isolement.

11 AVRIL : Un sympathisant du PKK mourrait de cirrhose. Il était une personne en bonne santé, quand il fut arrêté et jeté en prison en 1992. Il attrapa une jaunisse après un temps, mais fut privé de traitement médical, en dépit de divers appels aux autorités de sa famille, alors que son état de santé se détériorait. Dans une action de protestation organisée à Istanbul le 12 avril, Mme Eren Keskin, la vice-présidente du IHD, déclara qu'il y avait environ 500 prisonniers politiques attendant la mort dans les prisons turques et qu'ils étaient tous victimes d'une stratégie de meurtre silencieuse et délibérée.

11 AVRIL : Des soldats et des gardiens attaquèrent, frappèrent sévèrement et blessèrent plusieurs prisonnières politiques à la prison de Sivas. Conduite sous le prétexte de fouiller un dortoir, l'attaque fut menée par Ozen Korkmaz, le directeur de la prison.

5 JUIN : Cinq prisonniers du PKK furent blessés dans une attaque par des soldats et des gardiens à la prison de Malatya. L'excuse immédiate pour cette attaque fut le refus des prisonniers politiques d'assister à l'appel du 5 juin, en protestation contre la bastonnade de leurs camarades des 3 et 5 juin.

9 JUILLET : Les forces de "sécurité" tuèrent cinq prisonniers et en blessèrent gravement vingt autres à la prison Metris d'Istanbul. Les détenus qui s'étaient mutinés, informèrent le public sur leur situation critique et leurs revendications à travers un téléphone portable avant que les forces de "sécurité" écrasent leur action d'une manière brutale. Les prisonniers avaient réclamé leur transfert vers d'autres prisons, dénoncé le traitement rude qui leur était accordé et les privilèges fournis aux leaders des gangs riches à la prison alors que trois prisonniers ordinaires devaient se contenter d'un seul lit. Ils demandèrent de meilleures conditions de vie, un traitement humain et une amnistie générale.

27 AOÛT : Des soldats attaquèrent les prisonniers du PKK après une audience à la Cour de Sécurité d'état de Malatya. Plusieurs détenus furent blessés suite à l'attaque et cinq d'entre eux seront jetés dans des cellules à la prison de Malatya.

29 AOÛT : Des soldats attaquèrent cinq prisonnières politiques à la prison Kürkçüler d'Adana, qui avaient été emmenées à l'hôpital pour un examen médical. Les prisonnières crièrent des slogans pour protester contre cette attaque, sur ce des éléments de la branche anti-terroriste de la police présents à l'hôpital se joignirent aux agresseurs. Les soldats et la police continuèrent à insulter et battre les prisonnières politiques sur le chemin de retour à la prison. Une des détenues fut sérieusement blessée lors de l'affrontement.

9 SEPTEMBRE : Un contingent spécial de gardiens fascistes appelé "l'équipe A" attaqua des prisonniers politiques à la prison de type E d'Elazig. Plusieurs détenus furent blessés, l'un sérieusement et tous jetés dans des cellules.

10 SEPTEMBRE : Dix-neuf prisonniers politiques furent transférés de la prison d'Iskenderun vers la prison de Konya. Parmi eux il y avait des prisonniers du MLKP, vétérans du jeûne à mort de mai-juillet 1996. Des soldats et des gardiens les frappèrent brutalement quand ils protestèrent contre leur mise en cellule d'isolement.

12 DÉCEMBRE : Un membre du MLKP et un vétéran du fameux jeûne et de la grève de la faim de mai-juillet 1996, décéda à l'hôpital de Stuttgart, en Allemagne. Le jeûne à mort avait porté un sévère coup à sa santé ; mais il avait réussi à tenir en échec la mort grâce à un haut moral et une volonté depuis presque un an et demi. Environ 2000 personnes, la plupart membres et sympathisants des diverses organisations révolutionnaires, participèrent à ses funérailles.

27 DÉCEMBRE : Un prisonnier du PKK, qui était détenu à la prison Ulucanlar d'Ankara, décéda à l'hôpital Mumune d'Ankara. Il fut mis en détention préventive en 1994 à Adana et a souffert d'une attaque partielle d'apoplexie suite aux tortures qu'il a endurées au poste de police. Il fut mis en prison et plus tard condamné à 12 ans et demi de prison. Sa santé se détériora au fur et à mesure que le temps passait ; mais il ne fut jamais relâché, ni soigné et donc laissé mourir.

29 DÉCEMBRE : Des soldats attaquèrent les prisonniers d'EKIM et plusieurs visiteurs durant un procès à la 2ème Cour de Sécurité de l'État d'Ankara. L'attaque se produisit lorsqu'un leader d'EKIM, lut à haute voix une pétition dans laquelle il dénonçait les prisons à cellules d'isolement. Turgut Oktay, le juge présidant le tribunal, ordonna aux soldats de le réduire au silence et de charger les prisonniers politiques et les visiteurs, qui furent battus au milieu de la salle du tribunal. Huit visiteurs, qui exprimaient leur soutien pour les prisonniers agressés, furent aussi arrêtés.

 

1998

Selon IHD, 192 personnes ont été victimes de crimes inexpliqués et 1718 tuées lors de confrontations armées, 42.291 mises en détention préventive, 3659 arrêtées, 919 victimes d'attaques et de menaces des forces de "sécurité" et 30 villages incendiés par les militaires.

5 JANVIER : Un membre du PKK, décéda à la prison Sagmalcilar. Elle fut arrêtée le 29 août 1996 après avoir été emmenée à l'hôpital pour une maladie cérébrale et torturée impitoyablement par la police. En dépit d'une détérioration aggravée de sa santé en prison, elle ne reçut aucun soin médical et laissée mourir.

12 JANVIER : Des soldats et des gardiens attaquèrent les prisonnières politiques de la prison d'Usak. L'attaque était menée par le procureur et le directeur de la prison eux-mêmes.

3 FÉVRIER : Des gardiens attaquèrent des prisonnières politiques de la prison de Malatya durant une fouille et les frappèrent sévèrement.

12 FÉVRIER : Des gardiens armés de matraques attaquèrent les prisonniers politiques de la prison de Nevsehir. L'excuse immédiate pour l'attaque fut l'opposition des prisonniers politiques au transfert de dix de leurs camarades à la prison d'Erzurum. Quand ils refusèrent de laisser leurs camarades être emmenés aux dernières heures de la nuit, ils furent battus sévèrement. Les dix n'eurent même pas le droit de mettre leurs vêtements et emmenés de force. Des gardiens renouvelèrent leur agression le jour suivant en attaquant les femmes du dortoir et en en blessant plusieurs.

4 MARS : Des soldats portant gourdins et matraques attaquèrent dix prisonniers politiques qui étaient transférés de la prison de type E de Buca vers celle de Sivas. Les détenus, qui furent attaqués à peine sortis des fourgons cellulaires, furent blessés et envoyés dans leurs dortoirs sans avoir reçu aucun soin médical.

21 MARS : Un prisonnier politique s'immole pour protester contre la répression du peuple kurde.

23 MARS : Un prisonnier politique s'immole pour protester contre la répression du peuple kurde.

28 AVRIL : Après qu'une prisonnière du PKK, se soit immolée à la prison de type E de Sivas, les autorités pénitentiaires montèrent une attaque contre les prisonniers. Des gardiens et des soldats conduits par le procureur de la prison Hüseyin Yavas, tirèrent des gaz lacrymogènes et frappèrent les prisonnières politiques brutalement. Plusieurs des agressées furent blessées. Le 2 mai, 120 prisonnières politiques de la prison de Sivas commencèrent une grève de la faim, pour protester contre les agressions physiques persistantes.

5 MAI : Des centaines de soldats et de gardiens attaquèrent les prisonniers du PKK à la prison de Mus, juste après qu'ils aient terminé une grève de la faim de 40 jours et les frappèrent brutalement. Dix détenus furent blessés durant l'attaque, deux sérieusement.

30 MAI : Des gardiens et des soldats attaquèrent des prisonniers du MLKP et du DHKP-C à la prison de Malatya.

11 JUIN : Un prisonnier du PKK était battu par des soldats à la prison de Buca alors qu'il était emmené à l'hôpital. Il s'est immolé le 16 mars et était quasi inconscient à ce moment. Les docteurs, qui l'examinèrent, préparèrent un rapport confirmant le fait qu'il avait été sujet à des tortures même dans cette condition.

27 JUIN : Des soldats attaquèrent des prisonniers politiques et non politiques à la prison de Kürkçüler juste après qu'un tremblement de terre ait frappé la province d'Adana. Plusieurs détenus furent blessés suite à l'agression et quatre emmenés à l'hôpital.

4 JUILLET : Des soldats et des gardiens attaquèrent et frappèrent brutalement plusieurs prisonniers politiques, qui étaient transférés de la prison Kürkçüler d'Adana vers la prison de type E de Gaziantep après qu'un tremblement de terre ait frappé la région d'Adana. Plusieurs des détenus agressés furent blessés durant l'attaque menée par les chefs des gardiens Ahmet Mert et Ali Kivli. Les gardiens continuèrent leur agression les 6 et 9 juillet.

28 JUILLET : Des gardiens armés de barres de fer, de gourdins et des boucliers attaquèrent les prisonniers du DHKP-C à la prison de type E d'Aydin et les battirent sévèrement. Plusieurs détenus furent blessés suite à l'agression menée par le directeur de la prison en personne, Hulusi Yenis, neuf d'entre eux sérieusement.

30 JUILLET : Onze prisonniers politiques qui étaient transférés de la prison de type E d'Elazig vers la prison de Midyat furent attaqués par les gardiens, battus et torturés et jetés dans des cellules, lorsqu'ils arrivèrent à leur nouveau domicile.

6 AOÛT : Plus de cent gardiens et policiers en civil conduits par le directeur Ali Kilin attaquèrent les prisonnières politiques de la prison de type E de Gaziantep et les frappèrent sévèrement avec des matraques et des gourdins. L'excuse immédiate de l'attaque fut le refus des détenues de nettoyer les murs des dortoirs de leurs drapeaux, photos et symboles. Plusieurs prisonnières politiques furent laissées avec des os fracturés et divers blessures à la tête et aux membres. Les agresseurs, qui refusèrent des soins médicaux aux détenues, détruisirent et pillèrent aussi leurs effets personnels, y compris de la nourriture, des vêtements, des livres, des photos, etc.

16 SEPTEMBRE : Des soldats et des gardiens montèrent une attaque contre les prisonniers politiques de la prison de Giresun et sans pitié les frappèrent et les torturèrent. 35 détenus furent blessés, plusieurs sérieusement, durant l'agression conduite par Zihni Bas, le directeur de la prison. Plusieurs détenus blessés ne reçurent aucun soin médical après l'attaque.

14 OCTOBRE : Des centaines de soldats et de gardiens ont monté une attaque contre 37 prisonniers du PKK à la prison Kürkçüler d'Adana, qui boycottaient les cours de sécurité d'état. Plusieurs seront blessés, quelques-uns sérieusement. A la fin de l'agression, tous seront jetés dans des cellules d'isolement.

19 OCTOBRE : Des gardiens et des soldats firent un raid contre le dortoir C-4 de la prison de type E de Ceyhan, après qu'un tunnel d'évasion ait été découvert le 8 octobre. Les prisonniers politiques s'étaient déjà barricadés contre une attaque probable. Quand une tentative des autorités de transférer quelques détenus vers d'autres prisons fut rejetée, l'opération tant attendue commença. Les forces de "sécurité" attaquèrent la prison de Ceyhan, soutenues par plus de cent policiers, utilisèrent des gaz lacrymogènes et brisèrent l'enceinte du dortoir C-4. A la suite de l'affrontement, 31 prisonniers politiques furent blessés, un sérieusement. Huit détenus blessés furent emmenés à l'hôpital Mumune d'Adana. La police attaqua aussi les proches des prisonniers politiques en observation près de la prison et en arrêtèrent quatre.

28 OCTOBRE : Quelques temps après que trois prisonniers politiques de la prison de type E d'Erzurum se soient immolés pour protester contre la répression frappant le peuple kurde, les forces de "sécurité" attaquèrent les détenus. 25 prisonniers du PKK furent blessés suite à l'agression, quelques-uns sérieusement.

7 NOVEMBRE : Des soldats et des gardiens attaquèrent les prisonnières politiques à la prison de type E d'Agri. Sept détenues furent blessées suite à l'agression.

2 DÉCEMBRE : Un prisonnier du PKK décéda à la prison de Batman suite à un refus de soins médicaux. M. Cubukçu souffrait d'un problème cardiaque.

22 DÉCEMBRE : Des soldats attaquèrent les prisonniers du DHKP-C à la prison Buca d'Izmir. Les détenus prirent en otage treize gardiens, quand un visiteur fut battu et mis en détention préventive par la gendarmerie gardant la prison. Ils les libérèrent indemnes au bout de quelques heures. En dépit de ce geste, les soldats montèrent une attaque contre les détenus. Plusieurs seront blessés et devront être emmenés à l'hôpital.

 

1999

6 FÉVRIER : Décès d'un prisonnier politique dans la prison de type E de Cankiri. En dépit du fait qu'il souffrait d'un intense mal de tête depuis des années, on lui refusa tout traitement. Même au dernier moment, les efforts désespérés des prisonniers ne furent pas suffisants pour obtenir son urgent transfert à l'hôpital.

25 FÉVRIER : Un prisonnier politique souffrant de leucémie décède à la prison de type E de Diyarbakir, suite à un refus de traitement médical.

23 MARS : Deux prisonniers politiques qui étaient transférés de la prison de type E de Siirt vers la prison d'Elazig et un autre prisonnier, qui était transféré de la prison de type E de Siirt vers celle de Batman, furent battus et sévèrement torturés.

23 MARS : Des soldats attaquent des prisonniers du PKK à la prison de Nazilli. Le jour précédent, des soldats masqués avaient conduit une fouille des dortoirs et menacés les détenus. Selon un rapport fait par un représentant des détenus plusieurs prisonniers furent blessés suite à l'agression.

20 AVRIL : Décès d'un membre du TIKB. Il mourut seulement quelques heures après avoir été conduit de la prison de type E d'Umraniye vers l'hôpital Numune de Haydarpasa. Il souffrait d'une maladie inconnue depuis longtemps et ne fut jamais examiné ni soigné. Il était conscient, quand il fut amené à l'hôpital. Les docteurs enregistrèrent sa mort quelques heures après et firent des déclarations contradictoires sur la cause.

14 JUILLET : Décès à l'hôpital Nume d'Ankara d'un prisonnier du PKK. Il fut laissé sans traitement médical, en dépit du fait qu'il était malade depuis longtemps.

19 JUILLET : Un prisonnier politique souffrant d'épilepsie est torturé et meurt à l'hôpital d'État de Sagmalcilar. Il fut emmené de la prison de Sagmalcilar le 19 juillet et fut trouvé dans un état comateux par un autre prisonnier politique le 23 juillet, et fut ranimé grâce à ses efforts. Les docteurs de l'hôpital n'ont rien fait pour le soigner. En plus, plusieurs coupures et ecchymoses furent découvertes sur son corps, montrant qu'il avait été torturé.

25 SEPTEMBRE : Un sympathisant du PKK décède à la prison de type E de Diyarbakir d'hépatite B. On lui refusa tout traitement médical et on le laissa mourir.

26 SEPTEMBRE : Massacre dans la prison centrale d'Ankara (Uluncalar). Prétextant un refus de fouilles des dortoirs et de se rendre à l'appel, les forces spéciales lancent un assaut contre les prisonniers qui se défendent pendant plusieurs heures. Il y eut 10 morts et une trentaine de blessés parmi les prisonniers.

9 OCTOBRE : Un prisonnier qui avait contracté une cirrhose et n'était pas soigné décède à la prison de type E de Diyarbakir.

1ER DÉCEMBRE : Un prisonnier politique, soi-disant amené de la prison spéciale de Batman pour traitement, décède à l'hôpital scolaire médical de l'université de Dicle. Ces proches accusèrent l'indifférence des autorités, qui avaient systématiquement refusé de l'amener à l'hôpital jusqu'à ce qu'il soit trop tard.

25 DÉCEMBRE : Un sympathisant du PKK âgé de 61 ans décède à la prison de type E d'Aydin. Durant les neuf années qu'il passa dans diverses prisons, il avait contracté un cancer du poumon. Comme il n'était pas soigné, la maladie progressa et infecta quasiment tout son corps. Son avocat avait demandé aux autorités sa libération mais n'avait pas reçu de réponse positive.

 

2000

30 JANVIER : Un sympathisant du PKK âgé de 70 ans décède à la prison de type E d'Aydin. En prison depuis 1994, il souffrait de diabète, de complications cardiaques et de problèmes d'hypertension et de prostate. Le 25 août 1998, une campagne fut engagée par l'IHD pour sa libération mais les autorités refusèrent inflexiblement de le libérer et ainsi causèrent sa mort.

4 AVRIL : Des soldats et des gardiens frappent sévèrement six prisonniers politiques à la prison Burdur, à leur retour de tribunal. Trois des prisonniers sont blessés suite à l'agression.

5 JUILLET : Un membre du TIKB décède à l'hôpital d'État de Beyoglu. Il fut relâché de prison le 9 juin 2000 pour traitement médical, mais il était déjà trop tard. Il fut arrêté en 1996 durant les actions pour soutenir ceux qui menaient le jeûne à mort et la grève de la faim et accomplit huit des dix années de sa peine de prison. Il souffrait d'hépatite B. Plus tard, il fut diagnostiqué comme ayant un cancer du foie. Rien, cependant, ne fut fait pour son traitement; au contraire, son traitement fut empêché et il fut laissé mourir. Ses camarades lancèrent une campagne tenace et déterminée, qui reçut le soutien d'un large éventail de forces. Malheureusement, quand le régime fasciste fut forcé à le libérer, son corps était déjà trop faible pour surmonter la maladie. Ses funérailles furent une claque au visage de ses meurtriers. 300 de ses camarades, proches et amis lui offrirent un adieu dans un esprit militant et firent le vœu de le venger et de ne pas laisser d'autres prisonniers mourir.

5 JUILLET : Les forces spéciales interviennent dans la prison de type E de Burdur afin de forcer des prisonniers du MLKP et du DHKP-C à se rendre à leur procès. Soumis à des fouilles humiliantes et à des tabassages lors de ces transferts, 61 prisonniers s'y refusèrent et résistèrent pendant 16 heures aux attaques des policiers. Il n'y a pas eu de morts mais tous furent blessés.

26 JUILLET : Des soldats et des gardiens, utilisant de lourds engins de construction, abattirent les murs des dortoirs, où les prisonniers politiques se tenaient à la prison de Bergame. Le prétexte immédiat de l'attaque fut une soi-disante tentative d'évasion par un tunnel. Les prisonniers élevèrent des barricades contre les agresseurs et les combattirent avec courage. 76 prisonniers, transférés à la prison de Buca le 29 juillet, furent brutalement frappés durant le voyage et plusieurs d'entre eux blessés

17 AOÛT : Huit prisonniers du PKK sont transférés de la prison de type E de Diyarbakir vers celle de Midyat. A peine sortis des fourgons cellulaires, ils sont la cible d'une attaque des soldats et des gardiens et sont battus avec des matraques et des gourdins. Quelques-uns furent blessés, mais on leur refusa tout soin médical.